Comment le professeur Samuel Paty est-il devenu un homme à abattre ? Et comment a-t-il pu être identifié, retrouvé, assassiné par un homme habitant à 90km de son collège ? Ces questions sont au cœur de l'enquête sur l'assassinat de l'enseignant, décapité vendredi à Conflans-Sainte-Honorine. Pour y répondre la police a mis en garde à vue 16 personnes. Mardi soir, six d'entre elles ont été relâchées. Les interrogatoires se poursuivent donc pour dix personnes, dont cinq collégiens.
"Plusieurs appels" avec un parent d'élève ?
D'abord, il semble que le terroriste avait écrit à au moins l'un des gardés à vue, le père d'une élève. Le même homme qui, il y a quelques semaines, dans une vidéo, a appelé à se mobiliser contre l'enseignant, "a virer ce malade" (sic). Ce parent d'élèves a aussi traité Samuel Paty de "voyou", tout en donnant son nom et l'adresse de l'établissement à ceux qui voudraient le signaler, "pour dire stop". Le parent d'élève mécontent a aussi laissé son numéro de portable.
C'est sans doute comme ça que le terroriste l'a contacté, car on le sait, il avait visionné et même relayé cette vidéo. Il y a même eu des contacts entre les téléphones du père de famille et celui du terroriste. Des messages écrits ont été échangés pendant plusieurs jours. Il y aurait aussi eu "plusieurs appels", selon une source proche de l'enquête contactée par Europe 1. Les enquêteurs cherchent désormais à savoir si le terroriste lui a fait part de son projet. Auquel cas : pourquoi son correspondant n'a-t-il pas prévenu la police ?
Pourquoi des collégiens sont-ils en garde à vue ?
Certains des collégiens pourraient aussi être poursuivis. Cinq adolescents, toujours en garde à vue mardi midi. Le rôle de chacun est en train d'être déterminé avec précision : comment se sont-ils réparti les 300 euros donnés par le tueur ? Qui a accepté cette récompense en premier ? Et surtout, lequel ou lesquels d'entre eux ont désigné Samuel Paty au tueur ?
Pour les enquêteurs, ces élèves connaissaient la polémique qui enflait depuis au moins 10 jours. Ils avaient aussi visionné la vidéo du parent d'élève, elle qui avait beaucoup tourné sur les réseaux sociaux. Ils ne pouvaient, donc, "pas ignorer l'issue violente" de la démarche de celui qui leur demandait des informations, selon une source proche de l'enquête.