La garde à vue de cinq des six personnes interpellées lundi dans l'enquête sur le double meurtre djihadiste de Magnanville en 2016 a été prolongée, dont celle d'une policière et de ses deux enfants présentés comme radicalisés, a indiqué mercredi une source judiciaire. Ces arrestations, décidées par la juge d'instruction antiterroriste en charge de l'enquête, visent à déterminer comment le tueur Larossi Abballa, 25 ans, a choisi ses victimes, un commissaire adjoint des Mureaux et sa compagne, et localisé leur adresse.
Un homme en contact avec Larossi Abballa. Le 13 juin 2016, ce djihadiste avait assassiné le couple à coups de couteaux sous les yeux de leur fils de 3 ans. Il avait été tué par les forces de l'ordre après avoir revendiqué son acte au nom du groupe État islamique (EI). Parmi les interpellés figure un homme de 30 ans décrit comme un islamiste radicalisé et ayant été en contact avec Larossi Abballa aux Mureaux, selon une source proche du dossier.
La soeur d'un suspect elle aussi dans le viseur. La soeur de ce suspect, âgée de 25 ans et déjà détenue depuis octobre après sa mise en examen dans une affaire de candidate au djihad en Syrie, fait aussi partie des cinq personnes toujours interrogées depuis lundi par la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire. Cette jeune femme fichée "S" (pour "sûreté de l'Etat"), Mina B., avait été hébergée au printemps 2016 chez la mère d'une amie, à l'époque déléguée départementale des Yvelines du syndicat policier Alliance. Cette dernière, policière de 48 ans, a elle aussi été interpellée lundi avec sa fille de 30 ans et son fils de 26 ans, tous deux présentant des signes de radicalisation, selon la source proche du dossier.
Une sixième personne remise en liberté. Un homme de 33 ans, sixième personne arrêtée lors de ce coup de filet mené dans la région de Mantes-la-Jolie et des Mureaux, au nord des Yvelines, a été remis en liberté mardi soir sans poursuites, selon la source judiciaire.
Une liste de noms sur une clé USB. Lors d'une perquisition en avril 2017 chez Mina B., dans l'affaire qui lui vaut d'être détenue, les policiers avaient retrouvé une clé USB d'où avait été effacée une liste remontant à 2008 de 2.626 agents des renseignements, selon des sources concordantes, confirmant une information du Point. A ce stade, les enquêteurs ne savent pas si Mina B. a consulté cette liste de noms. Ce fichier, reconstitué par les experts et où ne figurent pas les noms des victimes de Magnanville - Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider -, contenait l'identité, mais sans leurs adresses, d'officiers de renseignement sur le point d'être mutés pour former la nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), selon une de ces sources.