"Après avoir enterré les morts, il nous reviendra de réparer les vivants". Avec cette formule empruntée à Tchekhov, François Hollande a évoqué vendredi les proches des victimes des attentats du 13 novembre, pendant la cérémonie qui leur rendait hommage aux Invalides. Comment se remettre debout pour les rescapés et pour les proches des disparus ? Chacun fait comme il le peut. Yanni,s par exemple, se recueille depuis quinze jours devant le restaurant où son frère a été tué.
Quinze jours après les attentats, Yannis reste sonné, bouleversé. De 9h00 du matin à minuit, Yannis, le frère de Ludovic -"Ludo", comme il l'appelle - reste debout devant la grille en fer de la Belle Equipe au milieu des fleurs et des petits mots de soutien. Près de lui un portrait de son frère, une grande photo en noir et blanc, et son objet fétiche, son ukulélé. Toute la journée, Yannis distribue des bougies aux passants, rallume un cierge ou accroche la photo d'une autre victime. Ce sont des petits gestes qui l'aident à tenir au quotidien, car quinze jours après les attentats, il est encore totalement bouleversé.
La crainte de sombrer, sans le soutien des familles et des passants. "Voir ces gens qui viennent en soutien", lui donne de la force, explique-t-il à Europe 1, devant le restaurant où son frère et lui "se sont échangés leurs derniers mots, leurs dernières phrases". "C'était un bon vivant, c'était un gars qui aimait la musique, qui aimait vivre", dit-il encore de son frère. Depuis les attentats, Yannis a peu dormi, prend des médicaments tous les jours, mais refuse de rester seul. Sans le soutien des autres familles et des passants, il avoue avoir peur de sombrer et sait qu'il ne rentrera pas chez lui tant qu'il n'aura pas tout fait pour qu'on n'oublie pas son frère Ludovic.