Le procès des attentats de janvier 2015 entame sa troisième semaine. Et ce lundi, la cour d'assises de Paris s'est penchée sur l'assassinat d'Ahmed Merabet, policier en exercice, tué sur le boulevard Richard Lenoir par les frères Kouachi quelques minutes après le massacre dans la rédaction de Charlie Hebdo. Avec émotion, ses proches sont venus témoigner à la barre. Raconter cet homme de 40 ans, assassiné "lâchement dans l'exercice de ses fonctions". Tous ont évoqué la vidéo du meurtre diffusée sur les chaînes de télévision à l'époque, encore aujourd'hui accessible sur les réseaux sociaux. Cinq ans après, la cicatrice reste à vif pour la famille.
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La photo d'un homme debout, souriant, en uniforme de policier
Sur ces images insoutenables, filmées par un riverain, on voit le policier blessé par un premier tir, puis abattu froidement par l'un des terroristes. Ses sœurs, sa mère, sa compagne, toutes ont vu les images le 7 janvier 2015. Certaines sans savoir que c'était lui, d'autres en comprenant en temps réel avec le téléphone qui sonne, annonciateur de mauvaises nouvelles.
Depuis, la vidéo tourne en boucle dans leurs esprits et elles en veulent beaucoup à ceux qui ont pris la décision de la diffuser. L'une des sœurs précise ne plus pouvoir entendre le mot "chef", dernières paroles d'Ahmed Merabet à l'adresse de Chérif Kouachi pour éviter qu'il ne tire : "C'est bon chef." Alors pour contrer l'image d'un homme à terre, ses proches ont choisi de projeter sur l'écran géant de la salle d'audience la photo d'un homme debout, souriant, en uniforme de policier.
"Il est l'homme que j'avais choisi"
Le jour de sa mort, Ahmed Merabet venait d'être nommé officier de la police judiciaire raconte l'une de ses sœurs, Nabilla Merabet. "C'était ses derniers jours sur le terrain." Les femmes qui ont fait partie de sa vie décrivent un homme réservé, souvent dans l'observation, un frère et un oncle dévoué, musulman pratiquant, qui avait soutenu sa famille à la mort du père, en 1995.
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Sa compagne de l'époque, Morgane, a souhaité lire une lettre face à l'audience. "Il est l'homme que j'avais choisi. Il l'était et il le restera. Comment m'ôter de la tête cette vidéo. Le monde entier s'en souvient comme un homme à terre mais moi je m'y refuse", écrit-elle. A la barre, c'était une supplique commune de la famille d'Ahmed Merabet : qu'enfin leur proche puisse reposer en paix.
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