Le procès des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher, commis les 7, 8 et 9 janvier 2015, s'ouvre mercredi. Pendant deux mois et demi, avec quatorze accusés et plus de 200 parties civiles, la justice va tenter de répondre à plusieurs questions sur cette vague d'attaques meurtrières qui ont endeuillé la France. Pour François Molins, qui était à l'époque procureur de la République de Paris, ce procès va également mettre en lumière les failles du renseignement en matière de lutte contre le terrorisme. "On ne l'a pas vu venir", affirme-t-il sur Europe 1.
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"Signes avant-coureurs"
"C'est toujours plus facile de lire les choses une fois qu'elles se sont produites", reconnait François Molins, aujourd'hui procureur général près la Cour de cassation. "C'est sûr qu'avec le recul, on avait à travers un certain nombre d'événements, des signes avant-coureurs, peut-être, de ce qui allait se passer. Avec le recul, on a peut-être sous-estimé certains comportements et certains dossiers."
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Selon le procureur de la République de Paris, en poste de 2011 à 2018, l'incapacité des services de renseignement et de la justice à prévoir ces attaques coordonnées entre les frères Kouachi et Amedy Coulibaly "s'explique" : "On est dans un contexte où il n'y a pas eu d'attentats avec des morts depuis 1995", avance notamment le procureur au micro d'Europe 1.
Double prise de conscience
Les attentats visant la rédaction de Charlie Hebdo, la policière de Montrouge Clarissa Jean-Philippe et l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes représentent donc "la prise de conscience de la montée en puissance du phénomène de terrorisme djihadiste", souligne François Molins.
D'après lui, cette vague d'attentats est également une "prise de conscience des insuffisances du dispositif anti-terroriste, qui va se traduire par plusieurs lois". Après janvier 2015, alors que la France sera plusieurs fois endeuillée par des attaques revendiquées par l'organisation État islamique, "on va partir sur un travail de fond qui va durer des années et des années" sur le terrorisme, retrace le magistrat.
Un procès pour "comprendre"
Et le procès hors normes qui s'ouvre cette semaine va participer à établir la vérité sur ces attentats, qui ont coûté la vie à 17 personnes : "Ce procès doit être l'occasion de nommer les choses et de permettre aux victimes de comprendre comment les choses se sont passées, pourquoi elles se sont passées ainsi, grâce à l'aide de qui. Il y a un certain nombre de gens qui sont accusés de complicité", rappelle François Molins. "Cela participe de ce devoir élémentaire de manifestation de la vérité qui pèse sur l'institution judiciaire."