Le procès des attentats du 13-Novembre touche à sa fin. Après dix mois de procès, la justice française doit rendre son verdict ce mercredi soir. Europe 1 a rencontré le père d'une des 130 victimes assassinées le soir du 13 novembre 2015. "C'était assez difficile pour moi de m'imaginer à la barre de la cour d'assises pour parler de l'assassinat de ma fille", témoigne Jean-Bernard Arruebo, le père d’Anne-Laure, assassinée au bar La Belle Équipe.
"À chaque fois que nous sommes venus à l'audience, nous avons ressenti une espèce de pression particulière, teintée de tristesse et d'interrogation, de se dire 'qu'est-ce que je fais là ?'", raconte-t-il.
"Les faits sont trop graves pour qu'on accepte des excuses"
C'est l'épilogue de l'audience criminelle la plus longue de l'histoire judiciaire française d'après-guerre. Un procès qui a duré trop longtemps pour Jean-Bernard Arruebo qui souhaite que "la justice soit sévère". Les "excuses" aux victimes de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des attentats, à la fin de son dernier interrogatoire, sont loin d'avoir convaincu le père d'Anne-Laure. "Ce ne sont pas, pour moi, les mots qui sont adaptés, 'excuses' et 'pardon', avec les faits qui ont été commis, c'est inexcusable et impardonnable", explique-t-il.
Jean-Bernard Arrubeo souhaite la perpétuité incompressible pour les 14 accusés, c'est-à-dire une peine de réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté illimitée empêchant tout aménagement de peine.
Ce mercredi soir, une page se tournera pour les 2.400 parties civiles qui ont suivi le procès. Dans cette salle d'audience, des amitiés parfois étonnantes se sont créées et ont aidé les parties civiles, les familles, amis et proches à tenir jusqu'à la dernière audience. "Je crois que ça a été un des points forts, ce procès nous a permis de rencontrer beaucoup de personnes. On a appris ce qu'avaient vécu réellement non seulement les victimes survivantes, mais les familles des victimes comme nous", se souvient-il.
"Nous allons continuer avec nos souvenirs"
"Le procès pour nous, ce n'est pas la fin. La justice va passer, mais la justice ne va pas faire revivre Anne-Laure. Notre quotidien continue, nous allons continuer à porter des fleurs sur la tombe de notre fille, nous allons continuer avec nos souvenirs", confie-t-il.