Il avait l’occasion de s’expliquer pour la dernière fois, il en a profité. Salah Abdeslam a longuement répondu aux questions de la cour d’assises spéciales mercredi au procès des attentats du 13-Novembre. Dans un rare moment de vérité, en tout cas de "sa vérité" selon ses mots, Salah Abdeslam s'est donc livré. A aucun moment il n'a rompu le dialogue. C’est même lui qui a invité le président à l’interroger sur ce que devait être sa mission le 13 novembre.
Abdeslam assure avoir renoncé par "humanité"
Calmement, il explique : "Je dois déposer trois membres au stade de France, et ensuite je dois partir au café". Un café dans le 18e arrondissement où il doit se faire exploser. Mais il assure avoir renoncé, par "humanité" : "Y’avait des jeunes, des très jeunes aussi, j’ai vu ces gens danser, rigoler, je voulais pas les tuer".
Dans la salle, peu remplie, le moment est suspendu. Car ce que dit Salah Abdeslam éclaircit certaines zones d’ombres, comme la raison de l’abandon de sa voiture dans le 18e arrondissement, et la mention de ce lieu dans la revendication de l’Etat islamique, alors que rien ne s’y est passé. Mais cette parole en apparence libérée de l’accusé laisse sceptique certaines parties civiles.
"C'est une belle fable", tonne un survivant du Bataclan
C'est le cas d'Arthur Dénouveaux, survivant du Bataclan et président de l'association de victimes Life for Paris. Au micro d'Europe 1, il estime que les explications données par l'islamiste sont totalement mensongères. "Grosso modo, il nous dit 'deux jours avant, je ne savais rien. J'ai mis deux jours à réfléchir et à renoncer par humanité'. C'est une belle fable", tonne le survivant des attentats. "Je pense que les questions des parties civiles et du parquet vont mettre à mal ce récit qui avait l'air très bien appris", indique Arthur Denouveaux.
Le président d'une association de victimes des attentats remet en question les déclarations de Salah Abdeslam. "Il nous explique quand même qu'il était le seul du commando à avoir été choisi à la dernière minute, et c'est celui qu'on aurait envoyé tout seul sur un lieu faire une mission. Ça ne colle pas du tout avec tout le reste de ce que l'on sait. En fait, il n'y a jamais rien de précis autre que ce qu'il a déjà entendu à l'audience, et dont il sait que c'est dans le dossier."
Les avocats des parties civiles ont l’occasion d’interroger Salah Abdeslam ce jeudi après-midi, s’il souhaite toujours répondre aux questions.