Avec 500.000 vélos électriques vendus en France l'an dernier, la barre du milliard d'euros a été franchie pour la toute première fois. Et ce n'est pas tout : 2,2 millions de vélos "normaux" ont été vendus en 2020, presque autant de réparés, et la fréquentation des pistes cyclables a connu une hausse de 27%, et l'usage régulier du vélo en 2020 par rapport à 2019 de 10%... La pandémie de covid-19 explique en partie cette très forte hausse des ventes, car le vélo est une excellente alternative aux transports en commun. Et la tendance est partie pour durer car le secteur est "aussi stratégique que l'automobile ou l'aérien", selon le président de la Fédération française des Usagers de la Bicyclette, interrogé sur Europe 1.
L'envol des vélos électriques
Il s'en vendu 29% de vélos électriques de plus qu'en 2019, et des vélos de plus en plus haut de gamme puisque les Français ont dépensé en moyenne 2.079 euros pour s'équiper. Un budget en hausse de 20% observe Jérôme Valentin, président de l'Union sport et cycle : "Il y a deux phénomènes qui justifient cette augmentation de prix : d'abord une augmentation du confort, une augmentation des options. Et puis la demande qui a été supérieure à l'offre en 2020 a fait que nous n'avons pas du tout fait de promotions du vélo ou de prix barrés."
Olivier Schneider, président de la Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB), confirme : "Les Françaises et les Français ont adopté la bicyclette comme geste barrière. Avec la crise sanitaire, le fait qu'il y ait davantage de pistes cyclables fait partie des rares avancées depuis un an. On a donc une augmentation sensible de la part de nos concitoyens qui se déplacent à vélo."
Nouvelle légitimité avec la crise
Les ventes de vélos classiques, qui elles ont légèrement baissé de 3% par rapport à 2019, sont quand même de 2,2 millions. Pour Olivier Schneider, cet engouement s'explique par la légitimité gagnée par ce moyen de transport en temps de Covid-19 : "Le vélo était légitime comme sport, comme loisir ou pour faire du tourisme, mais l'était moins comme mode de transport en France par rapport à d'autres pays. Le fait d'avoir permis aux gens de laisser de la place aux autres dans le métro, de lâcher leur voiture et d'avoir un peu d'activité physique pendant que les salles de sport sont fermées a légitimé le vélo."
Les chiffres de l'Observatoire du cycle le montrent : en 2020, l'usage du vélo a gagné +10% par rapport à 2019 et certains modèles de vélos précis ont pu se retrouver en pénurie.
Marché en tension
De plus, près de deux millions de Français sont allés réparer leur vélo sur l'année écoulée grâce à la prime de 50 euros proposée par le gouvernement. "Si vos auditeurs ont essayé de prendre rendez vous pour réparer leur vélo, ils savent que les agendas étaient pleins. Il fallait attendre parfois quelques semaines pour réparer un vélo", rappelle le président de la FUB.
Et côté ventes, "l'industrie n'avait pas anticipé" cette "tension" sur le marché. "On trouve encore des vélos neufs. Par contre, si vous voulez un modèle très précis, les délais peuvent dépasser un an. Cela veut juste dire qu'il faut enfin relocaliser la production en Europe. Sur des pièces de base, on est dépendant de l'Asie du Sud-Est", milite Olivier Schneider.
Un secteur stratégique
Selon lui, ce serait donc une "erreur politique de ne pas considérer que [le secteur du cycle] est aussi stratégique que l'automobile ou l'aérien". "Dans les métiers de la transition écologique, il y a aussi réparatrice et réparateur. Dans la fédération, on a formé 1.250 opérateurs, mécaniciens en herbe, pour aider les mécaniciens experts à se concentrer sur les tâches compliquées", explique ainsi le président de la FUB qui souligne que le coup de pouce pour réparer son vélo a permis de créer 1500 emplois en tout.
"La production de vélos en France augmente de manière très considérable, mais il y a vraiment une large marge de progression. Il serait intéressant que le gouvernement l'intègre dans sa stratégie industrielle (...) pour qu'en France, on ne se contente pas uniquement de concevoir les vélos et les faire faire à l'autre bout du monde, mais qu'on fasse tout au niveau européen de A à Z", poursuit Olivier Schneider.
Avant de conclure avec des chiffres qui montrent bien que le boom du vélo est parti pour durer : "Le secteur du vélo est passé en deux ans de 2 milliards à 3 milliards ! On n'a pas beaucoup de secteurs qui ont cru en deux ans de quasiment 50%. Ça va continuer. C'est une tendance lourde."