Les élèves de Terminale S ont planché jeudi sur l’épreuve d’histoire-géographie, avec cette année une majeure en géographie. Au programme : “des territoires inégalement intégrés à la mondialisation” ou “le Sahara ressources et conflits”. Un professeur d’histoire-géographie en région parisienne, également examinateur, ainsi qu'un professeur dans les Yvelines, nous donnent quelques éléments de réponse.
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“Des territoires inégalement intégrés à la mondialisation”
“Il s’agit d’un sujet attendu, d’un thème central du programme de Terminale”, réagit à chaud le professeur d’histoire-géographie en région parisienne.
• Les notions à aborder.
Dans ce sujet, il s’agissait, assez logiquement, de bien définir le terme de mondialisation. “La mondialisation correspond à un processus de fabrication d’un espace à l’échelle mondiale”, détaille notre examinateur.
Il s’agissait également d’approfondir la notion d’échelle. “C’est-à-dire l’échelle mondiale, régionale, nationale, en allant jusqu’aux échelles urbaines. Ces notions permettent d’aborder la question des inégalités entre les différentes régions du monde et également à l’intérieur des métropoles”, explique le correcteur.
“Les autres notions à aborder concernaient les grands processus liés à la mondialisation, comme la métropolisation (le renforcement des métropoles), la littoralisation (le renforcement des littoraux) et l’apparition d’une organisation multipolaire”, détaille ainsi le professeur d’histoire-géo.
• La construction du sujet.
L’idée de ce sujet était de mettre en lumière l’émergence d’un espace qui s’unifie et qui privilégie certains espaces au détriment d’autres. Cette problématique pouvait être traitée en deux grandes parties : la première sur la mondialisation qui renforce certains territoires ; la deuxième sur la mondialisation qui affaibli d’autres territoires en ne les intégrant pas dans ce processus.
Concernant la première partie, il s’agissait d’évoquer différents succès de mondialisation en fonction de différentes échelles. “Dans un premier temps, il faut évidemment évoquer la puissance que constitue la Triade, que représentent les États-Unis, le Japon et la Communauté économique européenne. Ensuite, il faut aborder l’ampleur de plus en plus importante que prennent les “Brics”, c’est-à-dire les pays émergents : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud”, détaille le professeur d’histoire. A l’échelle régionale, il s’agira de mettre en lumière les métropoles qui concentrent de plus en plus de richesses, notamment en termes humains et économiques.
Dans une deuxième partie, il est question d‘aborder la mondialisation du point de vue de ceux qui n’y sont pas intégrés, toujours sur cette même idée d’échelle. "D’abord, à l’échelle mondiale, on retrouve les PMA, c’est-à-dire les Pays les moins avancés, comme l’Afrique subsaharienne, quelques îles des Antilles ou encore des pays enclavés d’Asie, comme le Népal et l’Afghanistan", détaille-t-il.
Ensuite, les élèves pouvaient aborder, à l’échelle régionale, les territoires exclus de la mondialisation, par exemple les espaces ruraux et la Chine de l’intérieure. Enfin, à l’échelle urbaine, on pouvait évoquer certains quartiers enclavés, mal reliés au centre”, conseille notre correcteur.
• Les pièges à éviter.
“Il ne fallait pas négliger la réflexion par échelle, en restant par exemple sur une échelle mondiale et en se concentrant sur la Triade, sans parler des pays émergents”, prévient-t-il. Autre écueil : être trop descriptif. “Il fallait donner des explications sur les facteurs d’intégration et de non intégration des pays dans la mondialisation”, préconise le professeur.
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"Le Sahara ressources et conflits"
“Il s’agit d’un sujet difficile, traité dans le programme en une heure ou deux. Il était donc difficile pour les élèves d’avoir suffisamment de matière pour une composition”, estime l'examinateur.
• Les notions à aborder.
Pour répondre à ce sujet les notions à aborder tournaient autour des atouts et des contraintes du Sahara. Il s’agissait de parler de la notion d’aménagement, c’est-à-dire les routes, les voies ferrés, les forages, les puits et surtout les villes. “Le Sahara devient en effet un espace relativement urbanisé. Un espace très peu peuplé il y a 50 ou 60 ans qui, aujourd’hui s’urbanise, avec des villes de 130.000 ou 140.000 habitants”, détaille Omar Labed, professeur d’histoire-géographie en terminale, dans les Yvelines. La notion d’aménagement pouvait également être prise par le prisme des aménagements agricoles, qui se développent de plus en plus au Sahara et qui rendent le territoire attractif.
Autre notion essentielle : les acteurs qui occupent ce territoire. “Les acteurs correspondent à toutes les entités ou personnes qui agissent sur le territoire : des groupes d’habitants, des firmes transnationales comme Areva, des firmes du pétrole comme Total, des pays, des groupes djihadistes, des ONG, des touristes, etc”, énumère Omar Labed.
• La construction du sujet.
Dans une première partie, on pouvait aborder les ressources dont regorge le Sahara, en abordant également ses contraintes. “C’est un espace contraignant, immense, au climat aride, mais qui tente de changer la donne, en développant son agriculture par exemple. Mais il s’agit surtout d’un territoire qui regorge de ressources comme le pétrole, le gaz, l’uranium, le fer, le phosphate”, énumère le professeur d’histoire-géo. En transition, on pouvait donc indiquer que ces ressources placent le Sahara au cœur de nombreux conflits.
La deuxième partie pourrait donc poser la question suivante : “pourquoi le Sahara est au centre de nombreux conflits ?” Le tout en rapprochant ces conflits aux ressources, mais pas seulement. En premier lieu, on peut évoquer les conflits liés au terrorisme, au djihadisme, notamment dans la région saharienne. Et ce depuis une bonne dizaine d’années, avec une accélération liée à la décomposition de la Libye. “Les élèves peuvent notamment parler des réseaux comme Aqmi ou encore des anciens groupes du GIA qui se réfugient au Sahara, pour alimenter le trafic de cigarettes, d’armes ou de de drogue”, détaille Omar Labed.
Le Sahara est également une zone de conflit interétatique, qui concernant la délimitation des frontières. “L’exemple le plus éloquent est le conflit qui oppose le Maroc et l’Algérie, concernant le tracé des frontières du Sahara occidental, riche en minerais. Une zone, contrôlée par le Maroc, mais qui permettrait à l’Algérie, d’accéder à l’océan Atlantique. Les conflits frontaliers touchent également la Libye et la Tchad, qui regorge de ressources en eau, en pétrole et en gaz”, informe Omar Labed.
Les conflits se cristallisent également autour des révoltes des populations, par exemple avec les touaregs, qui sont installés entre plusieurs pays, comme le Niger, la Mauritanie. Et ces pays souhaitent contrôler les populations nomades, qui se constituent parfois en groupes armés.
• Les pièges à éviter.
“Il ne fallait pas oublier de connecter le sujet à la mondialisation, car c’est un point important du programme. Et c’est notamment la mondialisation qui modifie la perception de cet espace”, estime le correcteur. Autres écueils à éviter : “ne pas montrer le lien entre ressources et conflits. Et réduire les conflits aux ressources”.