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Caroline Baudry // Crédit photo : THEO ROUBY / AFP , modifié à
Après une semaine de tensions suite à l’incarcération en métropole des commanditaires présumés des émeutes, les rassemblements sont interdits en Nouvelle-Calédonie ce week-end. Sept semaines que les barrages de militants indépendantistes se poursuivent, et rendent très difficile l’accès aux soins. Le monde médical déplore la mort de nombreux patients.   

La situation reste difficile en Nouvelle-Calédonie. Après une semaine de tensions suite à l'incarcération en métropole des commanditaires présumés des émeutes, les rassemblements sont interdits sur l'île et le couvre-feu de 20h à 6h est prolongé jusqu'au 8 juillet. Pas deux jours ne s'écoulent sans que Thierry De Greslan, président de la commission médicale de l’hôpital public, n’apprenne le décès d’un habitant faute d’accès rapide aux soins du fait de la présence de barrages de militants indépendantistes. 

"Bloquer l'accès aux soins, c'est faire mourir une partie de la population"

"Un patient, épileptique, par défaut de traitement, qui est décédé avant d'arriver à l'hôpital. On a un autre patient asthmatique qui a fait une décompensation grave. On a deux AVC qui sont décidés la semaine dernière par un retard à la prise en charge. Les néphrologues estiment à quatre le nombre de dialysés sur les quatre dernières semaines qui sont décédés, c'est énorme sur la population de dialysés. Si vous le rapportez aux chiffres en métropole, ça fait 1.000 dialysés qui seraient décédés en quatre semaines par un retard de prise en charge. On n'arrête pas de le dire. Il faut que les gens se rendent compte que bloquer l'accès aux soins, c'est faire mourir une partie de la population".

Il raconte devoir se rendre à l’hôpital dans le nord du Grand Nouméa, parfois en bateau, ou en bus privés réquisitionnés pour transporter les soignants. Ces passages extrêmement aléatoires ont poussé Rachid El Beghiti, cardiologue libéral en déplacement dans l’hexagone, à organiser à distance le déménagement des consultations dans une zone plus sécurisée.

"Un appareil d'échographie, la table d'examen...", détaille-t-il. "Et on a dû le faire rapidement en priant que le transport se fasse bien et qu'il ne soit pas pris dans un barrage et éventuellement brûlé. Il y a des patients qu'on a pu revoir, mais il y en a beaucoup qu'on ne voit pas. Pour nos patients qui étaient des patients de proximité, aller à Nouméa Sud, c'est difficile. Et c'est plutôt ceux qu'on ne voit pas auxquels on pense. En espérant toujours que ce n'est qu'une solution transitoire".

En sept semaines, plus de 150 patients de ses patients n’ont pas eu accès au cabinet.