«Bénéficier d'un moment de détente» : à l'aéroport de Nice, une chienne pour apaiser les voyageurs

L'aéroport de Nice a expérimenté mercredi dernier la présence d'une chienne afin de distraire et détendre les voyageurs. Après des retours globalement positifs, le jeune canidé, âgé de six mois, arpentera de nouveau les allées de l'aérogare cet été.
C'est une première en France. Et cette initiative pourrait grandement intéresser tous ceux pour qui aéroport rime avec angoisse. L'aéroport de Nice a fait appel, la semaine dernière, à une chienne dont la mission est simple : détendre et apaiser les voyageurs qui en ressentiraient le besoin.
Déjà expérimentée dans des hôpitaux ou des Ehpad, la présence d'un animal en milieu aéroportuaire n'avait jamais été testée dans l'Hexagone et reste assez confidentielle ailleurs dans le monde. Seuls deux autres aéroports internationaux, notamment celui d'Istanbul, y ont déjà eu recours.
À Nice, les équipes de l'aéroport ont donc opté pour cette solution novatrice. "Ce que l'on a constaté, c'est que, même si c'est loin d'être majoritaire, nous avions quelques passagers nerveux et tendus. Or il y a un effet contagieux dans le stress. L'objectif est donc de permettre à des personnes en situation de stress de pouvoir, avant d'embarquer, bénéficier d'un moment de détente et de rencontre", explique à Europe 1 Aymeric Staub, porte-parole des Aéroports de la Côte d’Azur.
Une osmose entre l'animal et sa maîtresse
Ce projet a été porté par Nathalie Schindelman, propriétaire d'Éko, selon qui cette jeune chienne de 6 mois, croisée golden retriever et montagne des Pyrénées, remplissait tous les critères pour assurer cette fonction. "Pour moi, c'est le mélange parfait pour un chien de soutien émotionnel", nous indique-t-elle. Et la maîtresse d'Éko sait de quoi elle parle. Intervenante en médiation animale dans les Ehpad, hôpitaux, unités de soins palliatifs, mais également en milieu carcéral, elle maîtrise parfaitement les effets apaisants d'un animal de compagnie sur une personne anxieuse. "J'ai donc contacté l'aéroport et je leur ai proposé mon projet et je leur ai détaillé les bénéfices et la manière dont ça pouvait se passer. Et eux, de leur côté, ils avaient cette idée en tête", raconte Nathalie Schindelman.
Pendant les six premiers mois de sa vie, Éko apprend donc à s'accommoder des environnements bruyants et se rend, avec sa maîtresse, jusqu'à deux fois par semaine à l'aéroport. "Elle a déjà passé des portiques de sécurité étant donné que je travaille à la maison d'arrêt, elle a l'habitude de voir des gens en uniforme, elle a déjà pris le train, le tram...", énumère sa maîtresse. En parallèle, Éko reçoit une formation en éducation canine pour apprendre à détecter les signaux de stress chez les individus.
Néanmoins, la réussite de cette mission repose avant tout sur l'osmose entre Éko et sa maîtresse. "D'elle-même, c'est un chien qui va vers les humains. Et ensuite, c'est à moi d'observer s'il peut y avoir une ouverture auprès de la personne vers laquelle elle va". Au contact des personnes qui le nécessitent, Nathalie Schindelman propose ensuite des exercices de relaxation en s'appuyant sur la présence du chien, afin de permettre aux individus de se détourner de leurs inquiétudes pour focaliser leur attention sur Éko. Et prend également en compte les personnes méfiantes vis-à-vis des animaux. "Si je vois qu'ils ne sont pas à l'aise, je reprends le chien vers moi".
Des ajustements à opérer
Reste maintenant à réfléchir aux suites à donner à cette expérimentation, jugée extrêmement positive à la fois par Nathalie Schindelman et les équipes de l'aéroport de Nice. Car plusieurs aspects doivent toutefois être améliorés, à commencer par la visibilité du chien, simplement équipé d'un harnais bleu portant l'inscription "Relax dog" (chien de relaxation). "Si on lui met une chasuble, on ne pourra plus le caresser. Donc, il faut qu'on trouve une astuce pour qu'on puisse le voir parce que, même si le chien va vers les passagers, d'autres voyageurs voudront venir, eux, vers le chien", souligne Aymeric Staub. En revanche, s'agissant des perturbations que pourrait causer la présence d'autres chiens, le retour d'expérience est plutôt encourageant. "Avec les groupes d'éducation canine, Éko a déjà été habituée à être entourée de chiens et à ne pas trop répondre quand des chiens viennent l'embêter", indique Nathalie Schindelman.
Pour l'heure, l'objectif annoncé est une présence d'Éko deux fois par mois, en juillet et en août, les jours de forte affluence. "Il ne faut pas la faire trop venir, car au bout d'un moment, ça la fatigue et ça la stresse", ajoute Aymeric Staub. Le bien-être animal avant tout.