Signe des temps, le bonbon cède aux sirènes du naturel. Les confiseurs se convertissent au bio et tentent de lancer des sucreries avec moins de produits chimiques. Naturalité, c’est le mot tendance chez Carambar, qui pèse un quart du marché du bonbon. L'entreprise a été pionnière du bio après avoir lancé son produit culte, le Krema, frappé du label AB, ce bonbon tendre aux arômes de fruits, désormais garanti sans gélatine. Elle est remplacée par de la pectine de fruit, la couleur des bonbons étant obtenue grâce à des concentrés végétaux naturels, comme les arômes qui le parfument.
Les industriels du bonbon bannissent "les cochonneries"
En forme l’an dernier, le marché du bonbon devrait encore prendre des couleurs en surfant sur cette mode du naturel. Le "sugar bashing" est passé par là. La confiserie fait donc sa révolution en innovant pour produire des douceurs de moins en moins sucrées. Les industriels du bonbon se décarcassent également pour bannir toutes ces "cochonneries" : les produits chimiques, additifs, colorants alimentaires, conservateurs, gélifiants qui transformaient les bonbons en poison.
L'un des plus nocifs étant le dioxyde de titane, connu sous le nom de code E171, accusé d’être cancérigène et interdit depuis le 1er janvier. À coups d’investissements colossaux, les géants de la confiserie sont obligés de changer de recette. C'est le cas de la multinationale Mars qui s’en servait pour fixer les couleurs acidulées sur ces petites billes de chocolat, les fameux M&M'S. Le dioxyde de titane sera désormais remplacé par de l'amidon de riz.
La fin du plaisir d'antan ?
Mais le naturel pourrait-il faire perdre au bonbon sa saveur d'antan ? L'enfant le mange en cachette et l’adulte se l'offre comme plaisir régressif. Le bonbon "écolo et responsable", c’est un peu antinomique ! Si demain la fraise Tagada a la texture et le goût de la gariguette, avec des bouts de fraises, autant acheter une vraie fraise ! Le charme, c’est cette saveur unique, indéfinissable qui évoque davantage le laboratoire de pétrochimie que le verger.
D’ailleurs, quand nous étions petits, plus les bonbons sentaient le produit chimique, plus on les aimait. La petite bouteille de coca gélatineuse, c’est un must ! Et que dire du mistral, cette poudre parfumée et piquante qu’il fallait aspirer avec une paille. Demain, avec la mode du bonbon nature, Renaud risque de nous chanter Mistral perdant...