Les sénateurs ont voté jeudi la hausse du prix du tabac prévue dans le budget de la Sécurité sociale, jusqu'à 10 euros le paquet de cigarettes d'ici à fin 2020, tout en demandant un renforcement de la prévention et de la lutte contre le marché parallèle.
Une hausse en cinq étapes. L'article, voté à main levée, prévoit une hausse de la fiscalité en cinq étapes. Répercutée par les fabricants, celle-ci fera augmenter le paquet d'un euro en mars 2018, puis de 50 centimes en avril et novembre 2019, de 50 centimes en avril 2020 et de 40 centimes en novembre 2020. "La fiscalité comportementale doit s'accompagner d'une prévention ambitieuse", a plaidé Laurence Cohen (CRCE, à majorité communiste).
"Incitations culturelles à fumer". "Si je souscris à cette mesure de santé publique de premier plan, il faut aussi s'intéresser aux incitations culturelles à fumer", a souligné Nadine Grelet-Certenais (PS). Elle a ainsi reproché au cinéma de "valoriser la pratique". "70% des nouveaux films français mettent à l'image au moins une fois une personne qui fume", a-t-elle dit. "C'est une banalisation, voire une promotion du tabac, en particulier auprès des enfants et des adolescents qui sont les premiers consommateurs de ces films sur Internet". De son côté, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a confirmé que le gouvernement préparait un deuxième plan national de réduction du tabagisme "qui travaillera sur le marketing social".
"Il faut dénormaliser l'usage du tabac". "Oui, il faut dénormaliser l'usage du tabac dans les réseaux sociaux et le cinéma", a-t-elle insisté. "Il sera interdit de fumer près des écoles et des lycées. Nous ciblerons les publics les plus vulnérables", les chômeurs, les femmes enceintes, et le Fonds de lutte contre le tabac sera abondé de 130 millions d'euros, a-t-elle précisé. Des mesures très incitatives seront prises pour les fumeurs qui souhaitent s'arrêter et ce plan sera dévoilé au printemps, a ajouté la ministre. De son côté, Yves Daudigny (PS) a souligné que "la France disposait de frontières ouvertes avec des pays qui jouissent d'une fiscalité inférieure à la nôtre sur le tabac", et que le marché parallèle représenterait 27% du tabac consommé en France. "Il faut mettre en place la traçabilité des cigarettes", a-t-il dit.
Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a fait valoir que les effectifs douaniers sont augmentés dans le projet de loi de finances afin de combattre le marché parallèle. Il a ajouté qu'il fallait revoir la différence de fiscalité entre les pays de l'UE et hors UE.