Le maire de Grenoble Eric Piolle a demandé mardi au gouvernement de "lever l'ambiguïté" sur le statut du burkini, tandis que la secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa lui a reproché aussi son "ambiguïté" en la matière.
Chacun réagissait à la deuxième opération surprise de femmes ainsi vêtues en un mois, ce week-end dans une piscine de Grenoble, à l'initiative du collectif Alliance Citoyenne.
Dans une déclaration au Dauphiné Libéré, Marlène Schiappa "regrette l'ambiguïté dans laquelle se met le maire de Grenoble en n'intervenant pas fermement pour défendre les droits des femmes et les valeurs de la République". Elle rappelle que l'accès aux piscines publiques est fondé sur des règles d'hygiène et de sécurité "qui s'appliquent à tout le monde", et que "la religion ne peut pas être une dérogation". Elle ne prend pas position cependant sur le statut du burkini en matière d'hygiène.
La ministre voit dans l'action militante pour le port de ce vêtement "un message politique 'couvrez-vous'" visant à "créer une nouvelle norme" qu'elle ne pense "pas souhaitable de créer". Elle observe cependant que "les femmes, quels que soient leurs religions ou leurs modes de vie, doivent pouvoir accéder aux piscines municipales".
"Si c'est une question de laïcité, le gouvernement doit prendre position", estime Eric Piolle
Le maire écologiste a jugé ces propos "incompréhensibles et disant tout et son contraire", auprès de l'AFP. "Si c'est une question de laïcité, le gouvernement doit prendre position", a-t-il ajouté. Dans un communiqué il a indiqué par ailleurs avoir "saisi le ministère des Sports afin que le gouvernement lève toute forme d'ambiguïté sur le statut du maillot de bain couvrant, relativement à l'hygiène et à la sécurité". Il remarque également que les tee-shirts anti-UV pourraient faire partie d'une telle discussion.
"L'égalité d'accès au service public est un enjeu de cohésion nationale et ne saurait être interprétée en fonction des territoires", a-t-il dit. Le maire "condamne" cependant les "atteintes au règlement intérieur" des piscines de la ville que constituent les opérations en burkini, et promet une "verbalisation" aux contrevenants. Et de condamner "la stratégie du choc" employée par les manifestantes, "loin de faire avancer le débat.
L'interdiction du burkini dans les piscines grenobloises "restera en vigueur cet été", a ajouté le maire qui appelle également à un "débat apaisé, contradictoire, méthodique".
Alliance Citoyenne déçue de la réponse du maire
En décembre, le Défenseur des Droits Jacques Toubon avait donné raison à une femme voulant nager en burkini dans une piscine. Alliance Citoyenne, qui suggère l'ouverture d'un débat, s'est montré déçue dans un communiqué de la réponse du maire de Grenoble que le collectif a résumé ainsi : "l'ordre : tout de suite !, le débat démocratique : peut-être un jour, on verra", en l'accusant en outre d'ignorer "les femmes qui se voient contraintes de choisir entre le respect de leurs convictions religieuses (...) et l'accès aux services publics". Par ailleurs l'association a annoncé mardi une "sortie piscine en famille" dimanche prochain dans un lieu non précisé. Le formulaire à remplir prévoit l'option du prêt d'un burkini.