C'est un moment très important dans une année scolaire chamboulée par l'interminable crise du Covid-19 : les élèves de maternelle et de primaire font leur retour en classes ce lundi, tandis que les collégiens et les lycéens reprennent de leur côté à distance dans un premier temps. Et si l'école n'est "pas responsable de l'épidémie", comme l'affirme dimanche le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, cette rentrée va être extrêmement scrutée, sur de nombreux points. Voici ce qu'il faut savoir sur le protocole, les aménagements prévus et l'ensemble du dispositif prévu.
Le calendrier de cette rentrée
Ce qui est prévu, c'est d'abord le retour en classes des élèves de maternelle et de primaire dès lundi. Après avoir été contraints de s'organiser, parfois difficilement, ces dernières semaines, les parents sont plutôt soulagés, mais certains professeurs restent inquiets, comme a pu le constater Europe 1 dans le sud-est.
Les collégiens et les lycéens reprendront quant à eux en distanciel dès ce lundi, mais en présentiel dès le lundi 3 mai, date de déconfinement progressif déjà envisagée par le gouvernement. Toutefois cette rentrée sera accompagnée de "conditions strictes" et d'un "cadre sanitaire le plus protecteur possible".
Pour leur reprise au 3 mai, les lycées seront en demi-jauge, avec une alternance entre présentiel et distanciel. Pour les collèges, la rentrée s'effectuera en présentiel, sauf pour les élèves de 4e et 3e des quinze départements les plus touchés par la pandémie, qui feront aussi leur rentrée en demi-jauge. Par ailleurs, le brevet, le bac de philo et le grand oral sont maintenus en présentiel.
Les détails du protocole
Voilà pour le calendrier, qui s'accompagne d'un protocole présenté jeudi par le gouvernement. Il repose, en grande partie, sur le déploiement massif de tests, avec 400.000 tests salivaires dès la semaine prochaine dans les écoles élémentaires et l'objectif de 600.000 d'ici à la mi-mai. En complément, le gouvernement annonce la commande de 64 millions d'autotests. "Ils seront proposés à tous les personnels de l'Éducation nationale dès la semaine prochaine, puis à tous les lycéens à partir de la semaine du 10 mai", a précisé Jean Castex, avec un autotest par semaine.
Par ailleurs, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a annoncé que les classes fermeront dès qu'il y aura un cas de coronavirus. Pour limiter les cas de contamination, le numéro 2 de l'Éducation nationale, Édouard Geffray, conseille aux parents de prendre la température de leur enfant, le matin, comme il l'a expliqué sur Europe 1, dimanche.
La cantine, c'est oui ou non ?
La cantine est au cœur des inquiétudes, tant le lieu semble propice aux contaminations. Entre fermer les cantines et encourager absolument les élèves à s'y restaurer, Édouard Geffray évoque "un point d'équilibre". Car la cantine, rappelle-t-il, "c'est ce qui permet pour beaucoup d'enfants d'avoir un repas équilibré et garanti tous les jours". Aussi, ajoute-t-il, "il n'y a pas d'automatisme à dire que l'enfant doit manger à la maison. Après, si les parents préfèrent que leurs enfants mangent à la maison et s'ils en ont la possibilité, ce n'est évidemment pas plus mal. Mais tout enfant doit pouvoir aller à la cantine et en bénéficier dans les conditions ordinaires."
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Nos conseils pour la rentrée
Avant de guider son enfant sur le chemin de l'école (ou vers l'ordinateur pour une visioconférence), voici quelques conseils pour bien s'en sortir dans cette dernière ligne droite avant les vacances d'été. Ce qu'on peut dire aux parents et aux enfants, c'est de vérifier avant la reprise qu'ils ont leurs codes, leur mot de passe. Si le lundi matin, à 8h30, vous êtes obligés de tout reprendre à zéro, vous perdez du temps", prévient Édouard Geffray.
"Si ce n'est pas déjà fait, il faut créer un compte sur la plateforme du Cned, 'Ma classe à la maison'. Il faut aussi regarder les informations données dans les ENT (Environnements numériques de travail), parce que les enseignants continuent de communiquer des messages via cette plateforme", explique Valérie Queric, principale de collège dans l'Oise et membre du Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale.
D'un point de vue technique, "on a envoyé des recommandations aux professeurs et aux chefs d'établissement pour bien répartir dans la semaine les classes virtuelles", poursuit le numéro 2 de l'Éducation nationale. On sait que comme beaucoup de personnes télétravaillent, il y a un gros afflux (de connexions, ndlr) entre 8 heures et 9 heures du matin."
Une reprise trop prématurée ?
"Le fait d'avoir fermé les écoles pendant les trois semaines de vacances scolaires a permis de reprendre le contrôle sur cette vague épidémique", assure l'épidémiologiste Antoine Flahault, interrogé dimanche sur Europe 1. "Est-ce que les rouvrir dès lundi va empêcher la poursuite de la décrue ? Je ne le crois pas, au moins pendant une ou deux semaines encore parce qu'on a une inertie qui devrait se prolonger."
Pourtant, rouvrir les écoles dès lundi pour les maternelles et les primaires pourrait avoir des conséquences négatives à moyen terme. "On a besoin que tous les pays arrivent à la décrue épidémique profonde, c'est-à-dire à moins de 5.000 cas par jour en France. Si jamais ce n'est pas atteint à la mi-mai, alors la réouverture des écoles aura probablement été un peu prématurée. La réouverture des écoles peut aussi se faire dans le cadre d'un protocole sanitaire qui permet une bonne ventilation des salles de classe, qui doit être le point d'orgue de toute la politique de prévention."