Elle portait un simple voile et non un burkini. Pourtant, le 16 août dernier, une mère de famille en vacances a été verbalisée sur la plage de la Bocca, à Cannes, où un arrêté a été pris pour interdire cette tenue couvrante au cœur de la polémique. Alors que seul un voile couvrait ses cheveux, les policiers municipaux l'auraient en effet sommée de quitter la plage ou de s'acquitter d'une amende de 11 euros, raconte L'Obs mardi.
Originaire de Toulouse, cette ancienne hôtesse de l'air de 34 ans passait l'après-midi en famille sur le sable, quand trois agents de la police municipale se sont approchés d'elle. Siam est alors vêtue d'un legging, d'une tunique, et d'un tissu couvrant seulement sa chevelure, un hijab. Son visage est découvert. "Je n'étais pas là pour faire de la provocation, je n'avais pas l'intention de me baigner", a précisé la jeune femme à l'AFP qui dit avoir refusé de payer l'amende de 11 euros ou de nouer son foulard en bandana pour découvrir le cou, comme les policiers le lui demandaient.
"Une tenue correcte". Mais la scène racontée est saisissante. Après avoir lui demandé si elle est au courant qu'un arrêté interdisant le burkini est en vigueur à Cannes, une policière en commence la lecture. "Elle m’a lu la moitié de l’arrêté, l’air un peu gêné, me disant que les personnes présentes sur la plage devaient porter une 'tenue correcte", relate Siam. La mère de famille, qui refuse d’ôter son voile, interroge alors : "qu'est-ce qu'une tenue correcte?" "Dans le climat actuel, vous comprenez, on est obligés de verbaliser", justifie un policier.
Le maire LR de Cannes, David Lisnard, soutient fermement ses agents municipaux : "Je n'ai aucune raison de douter de leur jugement. […] L'arrêté municipal dispose que l’accès aux plages et à la baignade est interdit à toute personne n’ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité, respectant les règles d’hygiène et de sécurité", explique-t-il.
"Une humiliation". Une semaine après les faits, Siam, elle, est toujours aussi bouleversée par ce qu'elle a vécu. "Mes enfants étaient en pleurs, témoins de mon humiliation, ainsi que ma famille". D'autant qu'un attroupement s'est très vite formé autour de la trentenaire et de ses proches. Des applaudissements ont même accompagné l'action des policiers, tandis que certains badauds lui criaient : "Rentrez chez vous!", "Ici, on est catholiques".
Saisi du dossier, le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) va aider cette femme "à saisir la justice pour contester le procès verbal", a expliqué son directeur Marwan Muhammad. Car la jeune femme envisage désormais de porter plainte contre la mairie de Cannes et l'Etat français : "J’ai bien réfléchi. Je me suis dit que l’on ne pouvait pas laisser passer ça dans notre pays".
Un autre cas à Nice
Une femme également vêtue d'un tee-shirt, d'un legging et d'un voile a elle aussi été verbalisée sur une plage, à Nice cette fois, où un arrêté interdisant le burkini a été pris le 19 août dernier. La scène a été filmée lundi 22 août, rapporte Metronews.
L’entourage de Christian Estrosi, ancien maire LR de la ville, a confirmé la verbalisation "d’une femme habillée et en voile, sur une plage de Nice", ajoutant que sa tenue comportait "une connotation religieuse et rentre donc dans le cadre de l’arrêté". Celui-ci indique, comme celui de Cannes, que "toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité" est interdite d'accès à la baignade ou à la plage.