Avec des entrepôts déjà mobilisés, la manifestation de la "colère" des salariés de Carrefour a commencé à prendre forme dès vendredi, à la veille de la "grève générale" prévue dans le groupe, a-t-on appris de sources syndicales. Sur les 24 entrepôts que le géant de la distribution compte en France, 22 ont "bougé" vendredi, selon Michel Enguelz, représentant de FO, premier syndicat du groupe. Les syndicats sont mobilisés un peu partout en France. Ils estiment, dans le Nord, à 500 le nombre d'emplois qui sont menacés. A Liévin, le magasin sera "difficilement accessible", assure à Europe 1 une militante FO, qui prévoit environ 80% de grévistes parmi le personnel.
"Casse du modèle social Carrefour".Après l'annonce en janvier de la suppression de milliers de postes et récemment d'une participation moyenne de 57 euros, contre 610 l'an dernier, les salariés de Carrefour sont appelés à défendre samedi leurs emplois et leur pouvoir d'achat par FO et la CFDT. Les directeurs d'établissement sont également inquiets pour l'avenir. "On va sacrifier 2400 emplois, plus les 2400 postes du siège. On nous propose des reclassements dans les supermarchés. Mais demain, il n’y aura pas de la place pour tout le monde. L’avenir est très incertain", estime un directeur de Carrefour Contact près de Lens. Du côté d'Haillicourt, dans le Nord, la directrice d'un établissement évoque même "la casse du modèle social Carrefour".
Entre 40 et 50 millions de perte de chiffres d'affaires. Sur Twitter, les cadres et agents de maîtrise de plusieurs hypermarchés à Nice, Angers, Toulon ou Châlon-en-Champagne ont posté des messages et des photos pour témoigner de leur mouvement, faisant état de "conditions de travail et salariales qui se dégradent". Samedi, la CFDT estime à "160 à 170" le nombre d'hypermarchés qui seront mobilisés (sur 220), dont "une majorité ont annoncé une grève sur la journée". Le mouvement pourrait entraîner, selon Thierry Faraut du syndicat SNEC CFE-CGC, "entre 40 et 50 millions d'euros" de perte de chiffre d'affaires.