Trente-trois départements sont ainsi soumis à un "arrêté de restriction d’eau". La Corse vient de battre des records inhabituels de température pour un mois de mai. Le thermomètre a ainsi dépassé la barre des 36 degrés, fin mai, à Ajaccio : c’est quasiment du jamais vu en 50 ans. Par conséquent, ses réserves d’eau s’épuisent et, comme elle, malgré la pluie tombée cette semaine, plusieurs régions souffrent de sécheresse.
Trois indicateurs le prouvent : l’humidité des sols, le niveau des nappes phréatiques et le déficit pluviométrique. Mais tous les territoires où ces données sont dans le rouge ne sont pas logés à la même enseigne. Les départements qui manquent d’eau sont ceux qui disposent de peu de stock, et qui en prélèvent davantage pour l’agriculture, le jardinage, les piscines ou encore les activités industrielles.
Des arrêtés de restriction des usages de l’eau pris, à ce jour, dans 33 départements
Ces territoires-ci sont soumis à des restrictions d’eau plus ou moins sévères. Ainsi, "dès lors que les préfets constatent que les conditions de franchissement d’un niveau de gravité sont remplies, un arrêté de restriction temporaire des usages de l’eau est pris, en fonction du niveau de gravité constaté et de l’usage considéré (alimentation en eau potable, irrigation, refroidissement des centrales nucléaires, industries, particuliers)", précise le ministère de la Transition écologique.
Sur la carte de France, les territoires concernés par ces arrêtés de restriction forment une grande diagonale, qui part de l’Est de la Bretagne, traverse les Pays-de-la-Loire, le Poitou, la Charente, le Massif Central. Et se termine dans la Vallée du Rhône ainsi qu’en région PACA.
Les arrêtés de restriction d’eau sont mis à jour quotidiennement, donc cette carte est susceptible d’évoluer (il faut se rendre sur le site de Propluvia pour obtenir les données les plus récentes). 33 départements ont ainsi, ce vendredi 10 juin, dépassé le seuil d’"alerte sécheresse" déclenchant des restrictions, avant même que l’été n’ait commencé.
"Il faut reconvertir les territoires"
Un paysage inhabituel, à ce stade de l’année qui n’augure rien de bon pour les prochains mois, avertit l’hydrologue Emma Haziza au micro d'Europe 1. "A partir des données actuelles, qui sont remarquables pour un mois de juin, on peut comprendre et anticiper certains épisodes de sécheresse qui vont survenir cet été", indique la scientifique.
"Mais pour lutter contre la sécheresse, il faut s’y prendre plusieurs années à l’avance, pour reconvertir les territoires sur le plan agricole et au niveau des villes, mais ça ne peut pas se passer en l’espace de quelques mois", assure-t-elle. "C’est déjà trop tard, les jeux sont faits." Là où la situation est la plus critique, dans la Vienne, l’Eure et Loire, les Bouches-du-Rhône par exemple, les prélèvements d’eau pour l’agriculture sont à certains endroits interdits.
D’après Météo-France, sur une grande partie de l’Hexagone, l’humidité des sols a atteint des niveaux qui ne s’observent qu’une fois tous les 25 ans.