Les négociations autour d'une vidéo de l'une des fusillades des attentats du 13 novembre 2015, qui avait été diffusée quelques jours plus tard par un quotidien britannique, ont été au cœur d'un procès mercredi à Paris.
Dans la cave du restaurant Casa Nostra, qui sont les protagonistes qui négocient la vente de ces images sidérantes, montrant des clients affolés se réfugiant dans l'établissement ? C'est ce que s'est attaché à éclaircir le tribunal correctionnel.
Le gérant dément, une nouvelle fois. Le gérant de l'établissement Dimitri Mohamadi a démenti une nouvelle fois, devant le tribunal, avoir touché de l'argent, alors que plusieurs sources avancent un montant de 50.000 euros pour la transaction. Le Petit Journal avait à l'époque relayé l'information. Deux autres complices présumés comparaissaient mercredi, un "cousin" du gérant, en fait un ami proche, un intermédiaire présumé qui a reconnu avoir touché une somme de 6.000 euros. Mais aussi un technicien qui a récupéré les images dans le disque dur du système de vidéosurveillance et dit avoir été payé 1.000 euros pour ses services.
"J'ai croisé leur regard". Trois jeunes gens, qui se sont reconnus sur la bande dont ils n'ont pas obtenu le retrait par le tabloïd britannique Daily Mail, se sont portés parties civiles. Ils ont raconté avec émotion leur soirée du 13 novembre à la barre. Installés ensemble en terrasse, une jeune fille, blessée par balle au bras, se réfugie derrière le bar, un jeune homme à l'étage du restaurant. Le troisième, Quentin, qui ne parvient pas à fuir, reste dehors "à terre tout le long de la fusillade". Ensuite, il part en courant et se "plaque contre un mur". Là, il voit les assaillants remonter dans leur voiture: "j'ai croisé leur regard".
"C'est un exorcisme public, ce dossier". Dimitri Mohamadi, le gérant du Casa Nostra, 45 ans, est accusé d'avoir installé "sans autorisation un système de vidéoprotection" mais aussi de l'"enregistrement et de la divulgation d'images", les deux autres prévenus pour complicité.
Pour Jeffrey Schinazi, l'avocat du gérant, "c'est un exorcisme public, ce dossier". "Faute de choper les terroristes" de cette nuit-là, "on chope le premier venu, on se trompe de cible", avait-il affirmé avant l'audience.
Pas de victimes dans le restaurant le soir du 13 novembre. Casa Nostra est l'un des huit lieux attaqués à Paris et Saint-Denis le soir du 13 novembre, au cours duquel 130 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées par des commandos du groupe État islamique (EI). Personne n'est mort dans ce restaurant situé dans un quartier branché de l'Est parisien.