C'est une bombe sociale qui s'amorce. Depuis plusieurs mois désormais, le feuilleton autour du groupe Casino ne cesse de s'envenimer. Alors que la société accuse une dette de plus de six milliards d'euros, de nombreux magasins pourraient être vendus et d'autres fermés. Face à cette situation de pure incertitude pour les 50.000 salariés, un millier de personnes ont défilé dans les rues en invitant les habitants à les rejoindre. "On a des magasins dans toute la ville. On a un stade qui s'appelle Geoffroy-Guichard et le fondateur de Casino. Manifestement, il y a eu des grosses erreurs stratégiques qui ont été faites et aujourd'hui, c'est un jeu financier et exclusivement financier où le social est complètement oublié et mis de côté", a rapporté Didier Marion du syndicat CFE-CGC.
"4.000 à 5.000 emplois menacés"
Les salariés sont particulièrement inquiets du sort qui va leur être réservé. "On travaille dur, on casse des cartons, on fait de la mise en rayon, pour nourrir nos familles. Aujourd’hui, on ne sait pas ce qu’on va devenir, on a besoin de nos emplois", témoigne Hilda, dans l'entreprise depuis 24 ans. "À 53 ans, où voulez-vous trouver de l’emploi ? Vous êtes trop vieille, même pour casser des cartons, même pour la mise en rayon, c’est ça qui me met en colère. C’est un cadeau empoisonné, ce n'est pas un Noël pour nous, c’est un cauchemar."
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La véritable crainte, c'est une saignée des effectifs au sein des 350 magasins. "Il y a tout un tissu économique de la Loire qui est en danger puisque Casino fait travailler beaucoup de petites entreprises, de bases logistiques. Aujourd’hui, ce sont 4.000 à 5.000 emplois qui sont menacés", soutient Nicolas Citarella, du syndicat Unsa. "On veut dire à Daniel Kretinsky que les salariés sont là. Casino, ce ne sont pas que des parts de marché ou des dettes, ce sont aussi des salariés. Et aujourd’hui, on veut avoir notre chance."
Les salariés ont été reçus par le maire de la ville, Gaël Perdriau, mais attendent surtout l'aide du gouvernement. De son côté, le député Renaissance de la Loire, Quentin Bataillon, a jugé que l'actuel PDG, Jean-Charles Naouri, avait "des comptes à rendre" sur la situation de l'entreprise fondée il y a 125 ans par le désormais célèbre Geoffroy Guichard.