Le cheminot, seule personne physique jugée à Evry pour la catastrophe ferroviaire de Brétigny en 2013, a affirmé mercredi, "très ému" devant le tribunal, qu'il "ne s'était pas passé un jour" sans qu'il "pense à ce terrible accident". Âgé de 24 ans au moment des faits, cet ancien cadre cheminot, jugé pour "homicides involontaires" et "blessures involontaires", encourt jusqu'à trois années d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.
"J'ai en tête les victimes, je reconnais les familles..."
"Mes pensées vont à ces victimes qui vont revivre cette catastrophe. J'ai en tête les victimes, je reconnais les familles... Il ne s'est pas passé un jour sans que je pense à ce terrible accident", a déclaré sobrement le prévenu, portant chemise bleue et lunettes noires. "Je suis très ému et je le serai chaque jour de ce procès", a-t-il ajouté, dans son propos liminaire. Le directeur de proximité, aujourd'hui âgé de 33 ans, devra répondre d'une "appréciation fautive", celle d'avoir effectué "seul la dernière inspection des voies", avec une attention "manifestement insuffisante".
Tout au long de l'enquête, il a assuré n'avoir détecté aucune anomalie lors de cette tournée réalisée huit jours avant le déraillement de l'Intercité Paris-Limoges à la gare de Brétigny. En cause, le retournement d'une éclisse en acier - sorte de grosse agrafe raccordant deux rails consécutifs - qui a fait dérailler le train. Né à Lyon, il avait suivi une formation d'ingénieurs, et avait eu "un coup de cœur pour la partie 'voies'".
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D'abord en charge de la sécurité du personnel dans une gare de l'Essonne
"Je trouvais que le métier était plus passionnant, manuel, physique, il y avait plus de monde, en équipes de cinq, six, dix agents, pour les opérations de maintenance", a-t-il précisé. Selon lui, "ce qu'on faisait avait un impact fort". Son premier poste à la SNCF remonte à octobre 2012, quelques mois avant l'accident, en tant qu'"assistant sécurité à l'unité de production" à Juvisy, en Essonne. Il était en charge de la sécurité du personnel.
La matinée de mercredi, à ce procès qui se déroule jusqu'au 17 juin, portait sur le fonctionnement des deux sociétés, la Société nationale SNCF (héritière pénalement de SNCF Infra chargée de la maintenance) et le gestionnaire des voies SNCF Réseau (qui a succédé à Réseau Ferré de France, RFF), jugées également en tant que personnes morales.