"Ce n'est pas vrai !" : à son procès, Barbarin répond aux victimes du père Preynat

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© JEFF PACHOUD / AFP
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Jean-Luc Boujon, édité par Thibauld Mathieu avec AFP , modifié à
Au deuxième jour de son procès à Lyon, le cardinal Barbarin s'est levé, mardi, pour contredire un plaignant qui s'exprimait à la barre.

Lundi, au premier jour de son procès pour non-dénonciation d'agressions sexuelles, le cardinal Philippe Barbarin s'était fermement défendu à la barre. Le primat des Gaules, jugé avec cinq anciens membres du diocèse de Lyon, a cette fois dû faire face aux souffrances des victimes du père Preynat, crûment exposées à la barre. Tandis qu'il regardait jusque-là droit devant lui, baissant parfois la tête, l'archevêque a changé d'attitude quand a débuté leur audition, prenant attentivement des notes, et levant même le doigt pour répondre à l'un d'eux. 

Barbarin, le "seul" à pouvoir empêcher le père Preynat d'agir. Alexandre Hezez, 44 ans, a été le premier à témoigner, mardi. C'est lui le premier à avoir déposé plainte - en 2015 - contre le père Bernard Preynat, qui l'avait "violenté sexuellement entre ses 8 et 11 ans". Dès 2014, il s'était d'abord adressé au cardinal Barbarin, "le seul", selon la victime, "à pouvoir faire quelque chose" : écarter le père Preynat des enfants. 

 

Le cardinal aurait assuré ne rien savoir des agissements du prêtre. À la barre, le plaignant raconte donc cette rencontre. Lui, catholique pratiquant, est très impressionné, même à 40 ans, d'être reçu par le grand chef de l'Église lyonnaise. Il décrit le cardinal comme très avenant, très chaleureux, très compatissant. Le primat des Gaules lui assure qu'il découvre absolument tout des agissements du père Preynat. Ce qui, on le sait aujourd'hui, est faux, puisque le cardinal en a entendu parler via des rumeurs dès 2002, puis par le biais d'un témoignage extérieur en 2010.

"Ce n'est pas vrai !", s'exclame Barbarin. C'est à ce moment-là que le dialogue s'instaure : Alexandre Hezez raconte que le cardinal, tout sympathique qu'il ait été ce jour-là, ne l'a jamais encouragé à porter plainte devant la justice. Mgr Barbarin se lève alors : "Ce n'est pas vrai, je me souviens parfaitement l'avoir fait", rétorque-t-il. Le prélat s'exprime avec de grands gestes, comme s'il faisait un sermon. "Je lui ai dit : 'Il faut que vous trouviez d'autres victimes pour qui les faits ne sont pas prescrits, et je vous accompagnerai en cela'", affirme-t-il.

"Désolé, mais nous ne sommes pas d'accord, Monsieur le cardinal", répond Alexandre Hezez. "Vous ne m'avez pas dit cela. J'ai fait le travail seul d'abord, puis avec l'aide de La Parole libérée". À l'époque de la rencontre, le père Preynat, lui, est toujours en poste près de Roanne. Il y restera encore près d'un an, au contact d'enfants, célébrant même une cérémonie de première communion.