On l'appellera Sonia*. Un an après les attentats du 13-Novembre, celle qui a permis de localiser la planque d'Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attaques et sur le point d'en commettre une autre dans le quartier de la Défense, vit comme un fantôme.
La crainte de représailles. "Croyez-moi, j’ai peur", confie-t-elle au micro d'Europe 1. Sonia, qui était amie avec Hasna Aït Boulahcen, la cousine du terroriste tuée lors de l'assaut de Saint-Denis le 18 novembre, craint les représailles de l'entourage de celui qu'elle a dénoncé, car son témoignage n'a pas pu être anonymisé. "Ils savent à quoi je ressemble maintenant", répète-t-elle.
"J'en veux à l'État". Depuis près d'un an, Sonia vit sans pouvoir utiliser son identité mais aussi sans protection policière et sans aucun statut de témoin protégé. "J’en veux à l’État. On m’avait dit 'vous allez déménager, vous serez bien. Vous aurez une nouvelle vie, de nouveaux papiers, un nouveau travail.' Une vie normale, quoi… Ben tu parles ! Ça a été l’inverse. Je n’ai rien eu du tout", assure-t-elle, amère. Son avocate Maître Samia Maktouf a demandé à François Hollande de la recevoir et interpelle le ministre de l’Intérieur pour que Sonia puisse bénéficier du statut de témoin protégé : un statut qui tarde à être finalisé depuis 2014.
"Mon devoir de citoyenne". Malgré ces conditions très difficiles, Sonia en est certaine : "Si c’était à refaire, je le referais". Elle affirme qu'elle n'est "pas fière" de son geste. "C’est mon devoir de citoyenne. J’estime que tout citoyen doit agir comme ça", explique la jeune femme qui vient d'écrire un livre, Témoin (éditions Robert Laffont), pour raconter sa vie d'après. "Oui je vis dans la crainte, c’est vrai, j’ai une vie des plus monotones, des plus morbides… Mais quand je me réveille le matin, je vis".
* Son prénom a été modifié.