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Aurélien Fleurot
Pour la première fois, la RATP teste un bus autonome avec des passagers à son bord. Sur la ligne 393 qui relie la gare RER de Sucy-Bonneuil et la station Basse-Quinte, le véhicule conduit seul. Un opérateur de bord est présent pour reprendre le contrôle néanmoins. Du côté des passagers, l'appréhension cède vite la place à la curiosité. 

C'est une expérimentation un peu étonnante qui est menée dans le Val-de-Marne. Sur la ligne 393 de la RATP, de la gare RER de Sucy-Bonneuil et la station Basse-Quinte à Créteil, un étrange bus est actuellement en phase de test. 100% électrique, ce dernier à la particularité de ne pas avoir de chauffeur. 

Pour la première fois, la RATP teste avec des passagers à bord un bus de près de 12 mètres de long, entièrement autonome. Bardé de radars et de caméras, le véhicule pourra transporter 17 voyageurs maximum, tous assis et ayant bouclé leur ceinture. Les passagers de la ligne 393 sont accueillis par un agent RATP qui leur explique le fonctionnement du bus autonome. Parfois un peu surpris, ils sont tous très intéressés et dialoguent avec le conducteur. Ou plutôt le "safety driver", un opérateur qui est assis derrière le volant, en cas de problème.

Cette ultime phase d’expérimentation arrive après de nombreux tests jugés concluants par la RATP, qui a d'abord profité de la nuit, sans voyageurs, puis de jour, toujours sans voyageur. Mais maintenant, place au public. Paul est un habitué de la ligne, il l'emprunte régulièrement pour aller voir ses parents. Première impression, cela ne va pas aussi vite que d'habitude : "C'est un peu lent, on a remarqué ça avec les autres voyageurs, moi, je ne travaille pas aujourd'hui, mais il y a une personne qui devait prendre le métro pour aller au boulot, elle ne l'a pas eu !", explique-t-il au micro d'Europe 1. Sur ce tronçon autorisé pour la conduite autonome, avec de nombreuses voies de bus, la vitesse est programmée pour ne pas excéder 30 km/h et le trajet prend cinq minutes de plus qu'avec un bus "classique". 

Bus RATP 1

Le bus autonome circule sur 6 km. Crédit photo : Aurélien Fleurot

Le volant qui bouge tout seul, effet garanti

Quelques sièges plus loin, Oussama, 22 ans, écouteurs dans les oreilles, vite enlevés pour écouter les explications. Premier réflexe pour cet étudiant : filmer l'écran situé vers l'avant du bus et qui permet de voir le volant bouger tout seul. Le jeune homme est séduit : "C'est automatique, on voit le trajet, on voit bien que le conducteur ne touche pas le volant, c'est excellent. En plus, c'est écologique. Il faudrait plus de bus comme ça, en général ils sont bondés. Je kiffe et je me sens à l'aise". Une fois passé la surprise de devoir s'asseoir et attacher leur ceinture, les passagers posent des questions mais ne semblent pas inquiets par ce bus dont le volant est autonome. Le GPS "centimétrique" permet une précision dans les mouvements du bus, qui suit parfaitement son tracé. 

Et bientôt sans opérateur à bord ? 

Yann François travaille à la RATP depuis plus de 20 ans, ce machiniste faisait partie des nombreux volontaires pour cette expérimentation. Aidé d'un écran avec modélisation 3D, il apprécie la capacité d'anticipation de son bus équipé de radars et de caméras : "Quand on arrive au marché de Choisy-le-Roi le week-end, il y a du monde partout, il faut rouler au ralenti. Là le bus voit partout en même temps. Et je peux reprendre la main très rapidement : en appuyant sur un bouton d'urgence, en reprenant le volant fermement ou bien sûr en appuyant sur le frein". Il n'a eu besoin que d'une journée de formation pour devenir un "safety driver". L'expérimentation sur la ligne 393 pourrait être prolongée jusqu'à la fin de l'année. Une autre vient également de démarrer, à Paris cette fois : la "navette inter-gare" circulera dans un milieu très urbain, en reliant la Gare de Lyon, le Pôle de Bercy et la Gare d’Austerlitz. Et la prochaine étape sur laquelle travaille la RATP, avec notamment le constructeur français Milla, se fera cette fois sans opérateur à bord !