Sur les 60.000 agriculteurs en bio en France, "aujourd'hui, il y a 5 à 10.000 dossiers qui ne sont toujours pas payés ou partiellement payés. Cela peut aller de quelques milliers d'euros à plusieurs dizaines de milliers d'euros", a expliqué Arnaud Rousseau au micro de la radio RTL.
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"Quand vous attendez depuis plusieurs mois, que vous avez des engagements […], cela vous met dans une situation totalement inacceptable. Ces sommes sont attendues dans les fermes", a-t-il dit. "Les agriculteurs en agriculture bio ont déclaré cette demande d'aide le 15 mai 2023, il y a un an et un mois. Ces aides sont normalement payées le 15 octobre et le 1er décembre. Le Premier ministre a dit 'on aura tout payé au 15 mars' pour nous dire ensuite 'tout sauf les aides bio'. Ce n'est pas tenable", a-t-il martelé.
"Sentiment de déclassement"
Si la FNSEA n'envisage pas "à ce stade" de faire descendre les tracteurs dans les rues, son président prévient que le syndicat "fera le point à l'automne". Arnaud Rousseau a regretté une forme de "décrédibilisation de la parole publique".
Interrogé sur la poussée du vote pour l'extrême droite dans le monde rural, il y voit l'expression d'un "sentiment de déclassement", "un cri d'alarme" ou "un appel au secours". "Les gens disent 'on a tout essayé, nous n'avons pas essayé le RN, après tout pourquoi pas'. Sans d'ailleurs vraiment connaître les tenants et les aboutissants des programmes politiques", relate Arnaud Rousseau, maire de Trocy-en-Multien, un village de 250 habitants en Seine-et-Marne.
Il regrette que depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale au soir des élections européennes, "on ne parle plus du tout d'Europe. Quand on est agriculteur, on dépend du sujet européen". Pour rappeler "les urgences" du secteur agricole, a-t-il ajouté, "on a [à la FNSEA] produit une plaquette avec 27 mesures que l'on met à disposition de la totalité des candidats, qui regroupe nos demandes autour de trois choses": la défense du revenu, la simplification de la vie des entreprises et le sens du métier d'agriculteur, qui doit "continuer à nourrir les Français avec une alimentation de qualité".