À un peu plus de 60 jours du début des vacances d'été, l'angoisse commence à gagner les Français dont les papiers d'identité arrivent à échéance. Car depuis de longs mois, le délai nécessaire pour les renouveler explose. "Il faut six mois pour trouver un rendez-vous, il y a un vrai problème !", témoigne une retraitée au micro d'Europe 1. "C'est la fin d'un calvaire. J'ai mis huit mois avant de récupérer une carte d'identité", pestait de son côté Ariane en quittant la mairie du XVe arrondissement de Paris. Une situation bien inconfortable qui s'explique en prenant en compte plusieurs paramètres.
Le premier nous vient directement de l'autre côté de la Manche. Depuis l'entrée en vigueur du Brexit le 31 janvier 2020, il est obligatoire de disposer d'un passeport valide pour se rendre au Royaume-Uni, exception faite de l'Île de Jersey. De quoi faire exploser le nombre de demandes en mairie. Les services d'état civil en prévoient 14,5 millions en 2023 contre seulement 9,5 millions en 2019, indiquait le gouvernement début novembre. Par ailleurs, des documents d'identité à jour sont désormais requis chez certains opérateurs téléphoniques, par les banques mais aussi sur les sites de paris sportifs en ligne.
Toutes les communes ne disposent pas des équipements requis
Pour répondre à cette intensification de la demande, l'État a planché sur de nouveaux dispositifs censés faciliter les démarches et réduire le temps d'attente. Parmi eux, le site internet rendezvouspasseport.ants.gouv.fr qui répertorie tous les créneaux disponibles dans un rayon de 20, 40 et 60 kilomètres. Mais pour mener la procédure à son terme, la mairie doit impérativement être équipée d'un petit boîtier permettant de recueillir les empruntes digitales du demandeur. Un dispositif généralisé depuis le 28 mars 2017 mais qui n'a pas encore investi toutes les mairies de l'Hexagone. Dans l'Oise, par exemple, seules 30 en sont équipées alors que le département compte 679 communes.
Les mairies doivent disposer de ce type de boîtier pour renouveler un titre d'identité
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De plus, de nombreuses communes ne sont tout simplement pas reliées à la plateforme offrant aux demandeurs une visibilité sur les créneaux disponibles à proximité de leur domicile. En déplacement dans l'Indre la semaine dernière, la Première ministre Élisabeth Borne a justement promis d'agir sur ce point et de connecter la totalité des petites communes au site national de prise de rendez-vous. "L'objectif, c'est que tous les Français puissent avoir une vision d'ensemble des rendez-vous qui sont disponibles", a-t-elle expliqué lors d'un point presse. Par ce biais, la cheffe du gouvernement entend diviser par deux le délai d'attente d'ici l'été.
650 bornes de recueil des empruntes supplémentaires
Enfin, Élisabeth Borne a annoncé le déploiement de 650 bornes de recueil des empruntes supplémentaires "en ciblant particulièrement les 30 départements dans lesquels on constate aujourd'hui des délais (trop longs) ou des difficultés". Des promesses qui font suite à celles de Dominique Faure, ministre déléguée aux Collectivités territoriales, qui annonçait à la mi-janvier l'ouverture de 500 nouveaux guichets pour permettre à davantage de mairies de recevoir les demandes de titres.
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En attendant l'arrivée de ces moyens techniques supplémentaires, le gouvernement suggère aux demandeurs de remplir une pré-demande en ligne. Une procédure nécessaire afin d'accélérer le traitement de son dossier et, par extension, la prise de rendez-vous.