Le rattrapage a commencé dans une drôle d'ambiance, lundi matin, au lycée Le Corbusier d'Aubervilliers, comme dans de nombreux autres établissements. Dès huit heures, les professeurs grévistes, qui avaient conservé leurs copies pour protester contre la réforme portée par Jean-Michel Blanquer, sont venus les rapporter... Croisant les élèves convoqués aux oraux, et ceux qui espèrent l'être.
"Quand on ne sait pas, on est perdu"
Certains, comme Théo, sont venus passer les rattrapages mais craignent que la publication définitive des notes - prévue à 18 heures - ne change significativement leur moyenne. "Je pense que je vais passer au rattrapage, je ne pense pas qu'ils auront d'infos aussi rapidement. Si je passe au rattrapage et qu'on me dit que j'ai eu le bac sans rattrapage, c'est quand même un stress en plus", témoigne le jeune homme. "Quand on ne sait pas, on est perdu."
En attendant les "vraies" notes, les lycéens se sont en effet vu attribuer leur moyenne de l'année dans les matières manquantes. Rislaine espère, elle, que l'écart entre cette note et son résultat à l'examen lui donnera accès aux oraux. "J'attends cette note pour savoir si je passe au rattrapage, parce que le rattrapage c'est à 8 de moyenne, et je suis à 7,94", explique-t-elle. "On ne sait pas où on se situe, on est à ça du rattrapage, on est à ça du redoublement."
"Etant donné que c'est à 18 heures la journée de rattrapage sera terminée, donc si ma note de SES me permet d'aller au rattrapage je passe demain", se résigne finalement la jeune femme. "C'est les montagnes russes."
"On se base sur quelque chose qui est complètement faux"
Enfin, ces élèves désemparés croisent aussi des professeurs... toujours en grève, qui refusent de faire passer les dernières épreuves. "Aujourd'hui, la grève des oraux, c'est une question de dignité", martèle Dacha, qui enseigne l'anglais en Seine-Saint-Denis. "On a des fausses notes, on se base sur quelque chose qui est complètement faux, et on ne peut pas travailler par-dessus ça ?"
"Je refuse de jouer à ça", lance l'enseignante. "Monsieur Blanquer dit qu'il ne travaille pas sous la pression, moi je ne travaille pas sous la menace." Aux côté des autres professeurs grévistes, elle participera à une réunion en fin d'après-midi, pour décider de la forme que le mouvement prendra à la rentrée, une fois les épreuves du bac achevées tant bien que mal.