Mouvements de foule, gaz lacrymogènes... Les supporters, qui ont dû débourser des sommes folles pour assister à la finale de la Ligue des champions au Stade de France samedi soir entre le Real Madrid et Liverpool, ont finalement vécu l'enfer. Une réunion interministérielle sur ce chaos a eu lieu lundi matin pour tenter de "cerner les dysfonctionnements". Alors que beaucoup pointent du doigt le comportement des supporters anglais, d'autres témoins parlent de jeunes de Seine-Saint-Denis qui sont venus jouer les trouble-fêtes. "On peut dire que la chaîne de responsabilité est vertigineuse", explique Jean-François Pérès, journaliste au service des sports d'Europe 1 présent sur place ce soir-là.
"Tout a commencé aux alentours de 19 heures, deux heures avant le coup d'envoi", détaille le journaliste dans Europe Midi. "Les supporters anglais sont connus pour arriver tard au stade. Le RER B était en grève. Donc, tout le monde ou presque est arrivé avec le RER D le long de l'autoroute A1, et très vite, il y a eu une congestion", affirme-t-il au micro de Romain Desarbres.
Un premier filtrage qui a fini "par sauter"
Jean-François Pérès précise qu'il n'y avait "pas assez de points de pré-contrôle. Il y avait des vannes de la police qui bloquaient tout, des milliers de personnes se sont retrouvées coincées. Ce premier filtrage a fini par sauter", ajoute-t-il. "Des jeunes locaux qui connaissent les lieux par cœur se sont mêlés à ce moment-là aux supporters anglais. De nombreux témoignages font état d'agressions, de vols... Bref, c'était la pagaille. Tout le monde a couru vers les grilles d'entrée du stade, mais elles étaient fermées pour empêcher les faux billets ou les personnes sans billets d'entrer."
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"Là, c'est la deuxième pagaille", poursuit le journaliste d'Europe 1. "À une heure du coup d'envoi environ, il y a eu des mouvements de foule. Des gens sont étouffés, certains individus en profitent pour passer au-dessus des grilles. Ils n'avaient pas des tenues de supporters de Liverpool ou du Real. La police a sorti les gaz lacrymogènes", indique Jean-François Pérès. "Des familles avec des billets valables sont visées, certains spectateurs qui en avaient ne verront d'ailleurs pas le match", précise-t-il.
Des individus ont pénétré à l'intérieur de l'enceinte
Enfin, à une heure du matin, les journalistes d'Europe 1 ont vu une sécurité "totalement dépassée en train de pister encore des jeunes individus locaux dans l'enceinte du stade. Certains sont entrés en salle de presse, d'autres en zone d'interview ou encore dans les parkings. Là non plus, ce n'était pas des supporters anglais", souligne notre journaliste, qui estime qu'ils ont été des "boucs émissaires commodes d'une soirée qui aura prouvé, une fois de plus, que les autorités françaises ne savent pas gérer ni les foules de supporters, ni les problèmes de sécurité autour des stades."
Deux jours après ces incidents, une réunion ministérielle s'est donc tenue dans la matinée. Pourquoi les forces de sécurité ont-elles été débordées ? Pourquoi l'afflux de supporters n'a pas été contenu ? La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a déclaré lundi matin vouloir faire la lumière sur ces débordements. "Le but de cette réunion est de cerner l'ensemble des dysfonctionnements, de tirer tous ensemble les leçons, les conséquences, les enseignements qui s'imposent pour que ça ne se reproduise plus jamais, et que l'on soit idéalement préparé pour les prochains grands événements sportifs." En ligne de mire, la Coupe du monde de rugby en 2023 et les JO en 2024.
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Darmanin dénonce "une fraude massive de faux billets"
Autour de la table également, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a dénoncé une "fraude massive, industrielle de faux billets". "30.000 à 40.000 supporters anglais se sont retrouvés au Stade de France, soit sans billet soit avec des billets falsifiés", a ajouté le ministre de l'Intérieur. Ces faux billets, scannés par milliers, auraient fait buguer les tourniquets aux entrées du stade. C'est l'explication avancée par l'UEFA, qui est à la table des discussions. Des leçons devront donc être tirées.