«C'était le pilier de la chimie française» : près de Grenoble, l’usine Vencorex menacée de fermeture

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Jean-Luc Boujon (correspondant dans le Rhône, au Pont-de-Claix) / Crédit photo : Europe 1 , modifié à
L'usine chimique Vencorex, près de Grenoble, est menacée de fermeture car son actionnaire thaïlandais a demandé son placement en redressement judiciaire. Les 450 salariés du site mènent une grève illimitée depuis 10 jours pour dénoncer cette décision. Europe 1 s'est rendue sur place.

Les salariés de Vencorex, au Pont-de-Claix près de Grenoble, sont en grève illimitée depuis dix jours. Cette usine chimique a été placée en redressement judiciaire à la demande de son actionnaire thaïlandais qui veut s'en débarrasser.

Une seule offre de reprise pour ce fabricant de composants pour peintures industrielles a été formulée, mais celle-ci ne reprendrait que 25 des 450 employés du site. Si cette entreprise, installée en Isère depuis plus d'un siècle, venait à fermer, cela pourrait avoir des conséquences sur toute l'industrie chimique française.

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© Jean-Luc Boujon/Europe 1

Alors, les salariés campent devant le portail d'entrée. "On ne fait aucune entrée ni aucune sortie de camions, donc il y a plein de citernes qui sont stockées chez nous, vides", explique Jean-Pierre, 29 ans d'ancienneté chez Vencorex. "Et, tous les ateliers qui fabriquent de l'acide chlorhydrique sont aussi à l'arrêt", ajoute-t-il au micro d'Europe 1.

5.000 emplois potentiellement menacés

Avec ce placement en redressement judiciaire, une manière pour l'actionnaire de se débarrasser d'une entité qu'il juge trop peu rentable. "Pour moi, c'est une catastrophe", concède-t-il. "Cette usine, ce sont des familles, des amis, des proches, qui vont se retrouver sur le carreau. C'est dommage car à la base, cette usine, c'était Rhône-Poulenc qui était à l'époque le pilier de la chimie française. C'est pas rien", met-il en avant.

Si ce pilier de l'industrie chimique de la région ferme ses portes, les conséquences sociales pourraient être beaucoup plus importantes, explique Laurent Oberger, représentant de la CFDT. "Toutes les plates-formes chimiques de Rhône-Alpes et autres sont interconnectées grâce aux flux de matières premières qui circulent dans les pipe-lines. S'il y a un arrêt de la plate-forme de Pont-de-Claix, il va y avoir un effet domino sur les plates-formes voisines, sur les sites du sud de la France, autour de l'étang de Berre, et également des conséquences sur celles de Lyon", s'alarme-t-il. Au total, cela pourrait concerner 5.000 emplois induits. Un drame pour la filière chimie de la France.