"Les choses ont démarré [lundi] et, formellement aujourd'hui, avec ces 'écureuils', ou cordistes, qui descendent, armés de scies sabres", explique Christophe Rousselot. Invité d'Europe 1, mardi soir, le délégué général de la Fondation Notre-Dame a détaillé la nouvelle étape du chantier de la cathédrale, plus d'un an après l'incendie qui a ravagé l'édifice classé au patrimoine mondial de l'humanité. Celle du "découpage", délicate opération de démontage de l'échafaudage de la flèche de Notre-Dame de Paris, déformé par la chaleur de l'incendie.
Au total, 40.000 tubes vont être découpés puis emmenés par une grue de 44 mètres, "la plus haute d'Europe", précise Christophe Rousselot, avant d'être déposés dans une benne "car pollués par du plomb".
Les travaux pourront se poursuivre après réouverture de la nef
Le chantier aurait dû commencer plus tôt mais a été perturbé par plusieurs événements, ajoute le délégué général de la Fondation Notre-Dame. "Les intempéries, la pollution au plomb et la crise sanitaire du Covid-19", énumère-t-il. Des contraintes qui ont retardé le "découpage", cette opération "très minutieusement préparée", de quelques semaines.
Ce retard ne devrait cependant pas avoir d'impact significatif sur la date de réouverture de la cathédrale. Celle-ci "sera certainement rouverte en 2024", espère Christophe Rousselot. "Mais la restauration de la cathédrale, le ravalement de la pierre noircie, prendra plus de temps que cela", ajoute-il, précisant que les travaux peuvent se poursuivre après avoir rouvert la nef au public. "La partie la plus haute, le transept, et le chœur peuvent se voir coupés du reste pour que les travaux se poursuivent".
"La cathédrale n'est pas complètement sauvée"
Pour l’instant, c’est encore un lourd chantier auquel l’édifice fait face. Beaucoup d’éléments précieux ont été protégés en vue du découpage de l’échafaudage. Les pierres sculptées, numérotées, ont été déposées sous une tente, sur le parvis dont une partie reste occupée. "Ces éléments seront ensuite replacés parce que ce sont des éléments très précieux de l’histoire de la cathédrale", précise Christophe Rousselot.
La difficulté de l’opération de découpage réside dans le risque de voir se détacher des parties de l’édifice. "C’est le bâtiment physique en lui-même qui, par ce découpage, peut voir s’échapper telle ou telle pierre". En effet, le délégué général de la Fondation Notre-Dame rappelle que "la cathédrale n’est pas complètement sauvée", les tubes ayant été chauffés à plus de 800°C dans le brasier et s’étant agglomérés avec la pierre. "Quand vous découpez un tube et que la pierre est un peu descellée, elle peut chuter", explique Christophe Rousselot. Pour éviter tout accident, le pignon nord a alors été protégé par de grands filets, afin d’éviter tout risque de chute de pierres sur les passants.
85 millions d'euros pour la seule sécurisation
Au total, deux équipes de 5 personnes travaillent, en alternance, au démontage de l’échafaudage. Elles interviendront pendant tout l’été. "On ira jusqu’à mi-septembre", précise le délégué général de la Fondation Notre-Dame, qui ajoute que le budget de l’opération s’élève à 85 millions d’euros pour la seule sécurisation (la restauration n’étant prévue pour commencer que l’année prochaine). "Ce budget va augmenter notablement parce qu’il y a des choses qui n’avaient pas été prévues au départ et qui sont nécessaires aujourd’hui", précise-t-il.
Après le démontage de l’échafaudage, une deuxième opération complexe attend la cathédrale. "il s’agit du nettoyage des voûtes au-dessus du transept et du chœur", explique Christophe Rousselot, qui évoque la présence de gravas issus de la toiture et de la charpente. "Il va falloir des interventions humaines pour retirer ces graves et vérifier la solidité de la voûte."
Pour ce qui est de la flèche, le conseil scientifique doit débattre du choix des matériaux et de tout ce qui a trait aux éléments architecturaux, explique le délégué général de la Fondation Notre-Dame. "Elle peut avoir la même allure qu’au XIXe siècle, mais avec d’autres matériaux."