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Louise Sallé, édité par Solène Leroux
Le Global Energy Monitor dévoile ce mardi son rapport sur la production mondiale des centrales à charbon en 2021. Celle-ci a augmenté, notamment en raison de la Chine qui a ouvert des centrales et lancé plusieurs constructions, tandis que le reste du monde abandonne peu à peu cette énergie très polluante.
DÉCRYPTAGE

Le Global Energy Monitor, qui dresse un état des lieux des centrales à charbon dans le monde, dévoile ce mardi son rapport 2021. La production de cette énergie, fortement émettrice en gaz à effet de serre, a ainsi augmenté de 18,2 GW l’année dernière. Et plus de la moitié des nouvelles capacités énergétiques mises en service sont chinoises, soit 25,5 GW, un chiffre heureusement atténué dans l’augmentation nette totale -18,2 GW- grâce aux fermetures de centrales dans le reste du monde.

Ce résultat isole la Chine, mais inquiète sur le plan climatique. Les études de l’Agence internationale de l’énergie et les rapports du Giec, les experts climat de l’ONU, sont formels : plus une seule centrale à charbon ne doit être construite si les États veulent respecter les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris, c’est-à-dire limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré d'ici 2100. 

De nouvelles centrales en projet, après les pénuries de 2021

La Chine possédait également sur son sol en 2021, et pour la première fois dans l’histoire, plus de la moitié des capacités de charbon en construction dans le monde. Le pays a en effet lancé de nombreux projets, d’une puissance totale de 91,5 GW, sous l’impulsion des provinces. 

Celles-ci ont réclamé plus de centrales, après avoir souffert d’importantes pénuries d’électricité en 2021. Le prix du charbon s’était alors envolé, à cause de normes environnementales imposées par Pékin et parce que la demande était brusquement repartie à la hausse, avec la reprise économique post-Covid.

Pour Lola Vallejo, directrice du programme climat à l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), il y a un réel décalage entre l’affichage vert du gouvernement chinois et la réalité sur le terrain. "Les décisions de lancements de nouvelles centrales sont davantage orchestrées au niveau des provinces", explique la chercheuse. "Le gouvernement chinois a envoyé des signaux sur le fait qu’il souhaitait décroître sa consommation de charbon. Mais les autorités sont restées assez ambiguës, assez timides, et n’ont pas fait d’engagements sur le très court terme."

L’Union européenne, très bonne élève

La production de charbon est donc largement tirée vers le haut par la Chine, tandis que le reste du monde abandonne progressivement cette énergie fossile. L'Union européenne a arrêté un volume record de 12,9 GW en 2021, avec les plus grands volumes en Allemagne (5,8 GW), Espagne (1,7 GW), et Portugal (1,9 GW). 

"L’Espagne et le Portugal ont été très volontaristes. Le Portugal, notamment, arrive à sortir du charbon neuf ans avant la date qu’il s’était fixé", souligne Lola Vallejo. "L’Espagne, de son côté, fait de grandes négociations avec les industriels pour sortir complètement de la production et l’utilisation de charbon", poursuit-elle. "Non seulement le charbon, mais aussi le gaz, sont des énergies fossiles très peu viables pour l’Europe, sur le long terme, que ce soit d’un point de vue climatique et géopolitique."

Les États-Unis, enfin, ont également baissé leur production. Cette réduction est estimée entre 6,4 et 9 GW. Un rythme cependant insuffisant au regard de leurs objectifs climat, qui exigeraient de baisser de 25 GW la production annuelle entre aujourd’hui et 2030.