Un tiers des patients accueillis dans cet établissement de Louhans ont vu leurs troubles apparaître pendant la pandémie de Covid-19. (Image d'illustration) 1:36
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Hélène Terzian, édité par Romain David , modifié à
Europe 1 s'est rendue en Saône-et-Loire où se trouve le seul établissement de France qui accueille médecins, infirmiers ou aides-soignants victimes d'un burn-out. Face à une épidémie de Covid-19 qui semble s'éterniser, ils sont de plus en plus nombreux à y être accueillis. 
REPORTAGE

Un an après le début de la pandémie de Covid-19, il n'est pas toujours facile pour les médecins, infirmiers et aides-soignants de pouvoir parler du mal-être et de l'épuisement généré par la crise, voire même de se faire prendre en charge. À Louhans, près de Châlons-sur-Saône, il existe une clinique - la seule et unique en France -, où les patients sont exclusivement des soignants. Un havre de paix dont Europe 1 a pu pousser les portes. 

Loin des centres urbains, loin aussi de l'environnement professionnel, cette clinique a des allures de grande maison de campagne, avec son parc bordé d’une ferme où Stéphanie s’aère de temps en temps. "Ici, on a tous l'impression d'être dans un cocon", confie-t-elle. "Ici, il n'y a pas de tabou, on sait tous pourquoi on est venus, il n'y a pas de gène."

"Pendant la première vague, les soignants paraissaient mieux résister"

Après un burn-out, épuisé par les cadences imposées depuis le début de la pandémie, Nicolas, cadre de santé, a quitté Bordeaux il y a un mois pour passer ici de soignant à soigné. "Ça fait du bien que l'on s'occupe de nous. Il y a une équipe soignante qui comprend la difficulté de notre métier, qui comprend que l'on est arrivé à un moment où l'on ne peut plus donner", explique-t-il. "Nous sommes des éponges, et au bout d'un moment on est submergés par tout ça."

Comme lui, un tiers des patients hospitalisés ont vu leur trouble émerger pendant la crise. Des médecins, infirmiers, aides-soignants que l’équipe de psychiatres dirigée par Thierry Javelot voit affluer en ce moment : "Pendant la première vague, les soignants étaient au front et paraissaient mieux résister. Il faut dire aussi qu'ils étaient davantage soutenus, valorisés, c'est moins le cas aujourd'hui", relève-t-il. "Et puis ils ont maintenant en mémoire ce qu'ils ont dû affronter la première fois, et certains ne veulent pas y retourner."

Ils seront encore plus nombreux  dans les prochaines semaines, prévient le psychiatre, qui se prépare déjà à voir les 38 lits de la clinique occupés.