couple dispute égalité homme/femme 1280 7:00
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Romain David , modifié à
Le déséquilibre dans la répartition des charges au sein du foyer a mis cette jeune mère à rude épreuve. Elle raconte à Olivier Delacroix, sur Europe 1, comment son couple a surmonté, non sans mal, ce problème.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Coline, 32 ans, vit en Seine-Saint-Denis. Quand son fils a eu six mois, elle a pris conscience de la somme des responsabilités qui lui incombaient pour assurer au quotidien la gestion du foyer. Cette liste sans fin des tâches à planifier, que l'on appelle "charge mentale", pesait sur ses épaules comme un fardeau dont son compagnon a eu du mal à mesurer le poids. Au micro d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, elle raconte comment son couple a surmonté, non sans mal, ce problème.

"Avant l'arrivée de notre fils, ça n'était pas forcément un problème, je ne me sentais pas mal par rapport à la charge mentale. Mais au bout de six ou sept mois, j'ai senti le problème, notamment parce qu'il a commencé à manger solide, donc il fallait prévoir ses repas, courir après la nourrice, prévoir le stock de couches... C'est monté petit à petit.

Je n'avais pas d'autre modèle : ma mère et mes sœurs étaient comme moi. Je me sentais presque obligée. [Je me disais qu'] une maman est obligée de tout faire…

[…]

Bizarrement, [avec mon conjoint] on se disait assez féministe. C'est ce qui nous a fait bizarre. L'arrivée d'un enfant nous a tellement bouleversés que l'on s'est réfugié dans des rôles que l'on avait toujours vus. Il était assez investi, faisait des choses, mais n'avait pas pris en compte tout ce que notre fils allait nous demander. […] Ça paraissait naturel que ce soit moi qui le fasse.

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Cette maternité a mis leur couple à rude épreuve. Coline, débordée par les tâches et la quantité d'informations à gérer pour faire tourner le foyer, a eu beaucoup de mal à faire comprendre à son compagnon ce qui n'allait pas.

Lorsque j'ai repris le travail, c'est devenu difficile. J'avais plusieurs charges mentales : personnelle et professionnelle. Quand j'ai commencé à lui en parler, il ne voyait pas ça comme un poids : 'C'est facile, il suffit juste de prévoir les couches, etc.'

Il est difficile pour quelqu'un qui vous aime de se rendre compte qu'il vous a fait du mal sans le faire exprès. Il a fallu qu'il avance sur cette question-là. Ça n'était pas facile pour nous, surtout que l'arrivée d'un enfant dans un couple n'est jamais facile. Il a fini par comprendre, notamment parce qu'il s'est retrouvé un matin sans couche, sans lait... Puisqu'il était 'facile' de prévoir, j'ai arrêté.

Pour sortir de cette impasse, ce couple a dû entièrement remettre à plat la manière dont il fonctionnait pour gérer les petites tâches du quotidien. Trouver le bon rythme s'est fait progressivement.

On s'est d'abord dit que l'on n'était pas assez complémentaire. On s'est dit : 'Toi, tu vas faire ça, et moi je vais faire ça.' Et puis, on s'est rendu compte, au fil des mois, que la solution n'était pas d'être complémentaire mais interchangeable. Ça veut dire que le jour où je suis malade, ou tout simplement si je n'ai pas envie, me dire qu'il est autant capable que moi de faire les courses soulage énormément. On ne peut pas tout le temps être à fond. Ça n'est pas possible dans le monde où l'on vit.

[…]

Entendu sur europe1 :
C'est ça qui nous a sauvé : devenir interchangeable

Mon mari a vraiment changé là-dessus. Aujourd'hui, je lui fais entièrement confiance sur toutes ces tâches. On est capable d'interchanger régulièrement. Normalement, je fais plus la lessive, je prévois plus la question du linge, mais ça lui arrive aussi, parce que cette semaine-là je suis trop occupée ou parce que j'ai loupé le coche, de lancer une machine. Il s'occupe davantage de faire les courses. Mais s'il n'a pas le temps, c'est moi qui les fait. Ça ne va rien changer de nos besoins dans le foyer. C'est ça qui nous a sauvé : devenir interchangeable.

Forte de cette expérience, Coline a créé une page Instagram, "T'as pensé à...", recueil de toutes ces petites choses auxquelles il faut penser dans un ménage, quotidiennement, et qui peuvent faire de la charge mentale une véritable souffrance.

Avec cette page Instagram, j'essaye de montrer les pensées invisibles des femmes. J'ai remarqué qu'il y a énormément de souffrance, on l'entend tous les jours. Au super marché, dans les parcs pour enfants, dans la vie professionnelle... ce sont des femmes qui disent qu'elles en ont marre et personne ne les écoute parce que c'est 'la bonne ménagère' qui se plaint. J'ai voulu mettre ça en avant pour que ces femmes aient un lieu où parler, un lieu où trouver des solutions. Le problème, ce n'est pas elles, c'est le couple qui a cessé d'être une équipe."

>> Retrouvez l'intégralité du témoignage de Coline, au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1