"Nous offrons un soutien scolaire gratuit à tous les collégiens pour lutter contre les inégalités", assure le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dans une interview à 20 Minutes. C’est ce lundi que démarre le dispositif "devoirs faits", qui a vocation à être généralisé dans tous les collèges de France. Concrètement, les élèves qui le souhaitent peuvent désormais bénéficier de quatre heures hebdomadaires de soutien scolaire gratuit, à la pause dej' ou en fin d’après-midi selon les établissements. S'il fait globalement l’unanimité sur le principe, le dispositif connaît tout de même quelques difficultés de mise en œuvre.
Que prévoit le dispositif ?
En théorie, dès lundi, les collégiens devraient se voir proposer ce soutien scolaire "une heure par jour, c'est-à-dire quatre heures par semaine": "En fin de journée dans 35% des collèges et lors de la pause méridienne ou des heures de permanence dans 65% des établissements (notamment en zone rurale en raison des contraintes de transport)", explique Jean-Michel Blanquer. Cette aide aux devoirs est ouvert à tous les élèves. Objectif de l’exécutif : atteindre les 35% d’élèves concernés d’ici janvier prochain, lorsque les prochains conseils de classe (perçus comme des moyens d’inciter les élèves) seront passés. Pour l’heure, selon le ministère de l’Education nationale, un quart des élèves se seraient portés volontaires. Si le nombre de candidats devenaient trop nombreux, l'aide serait réservée en priorité aux collégiens volontaires qui ne disposent pas des meilleures conditions pour travailler à la maison (logement exigu, parents peu disponibles ou "dépassés" etc), après décision en conseil de classe et rencontre des parents.
Qui va assurer ce soutien scolaire ?
Le gouvernement a débloqué une enveloppe de 220 millions d’euros pour financer le dispositif, principalement destinés à rémunérer les intervenants. Mais encore faut-il des volontaires. Pour assurer l’aide aux devoirs, l’exécutif entend mobiliser des enseignants volontaires et payés en heure sup’, des documentalistes mais aussi des jeunes issus du service civique. L’objectif : trouver au moins un adulte pour encadrer 15 élèves. Or, selon certaines remontées du terrain, le compte n’y est pas encore.
"Beaucoup n’ont pas pu mettre le dispositif sur pied à temps, notamment parce qu’il faut des volontaires du service civique et que ça ne se bouscule pas au portillon. On peut comprendre : être rémunéré 500 euros par mois pour trente heures hebdomadaires (un jeune pouvant encadrer plusieurs groupes ndlr), c’est presque du bénévolat", assure ainsi au Parisien Fabienne Belin, du Snes, le principal syndicat d’enseignant.
"La situation peut différer d'une zone à l'autre", reconnaît également Michel Richard, le secrétaire général adjoint du syndicat des chefs d'établissements, le SN-PDEN, interrogé par franceinfo. Ce dernier doute, en effet, que le dispositif soit appliqué partout. "Il existe 6.000 collèges en France, le déploiement va se faire en fonction de la réalité de terrain. D'autant qu'il se fait sur la base du volontariat, que ce soit les enseignants - qui seront rémunérés en heures supplémentaires -, les retraités de l'enseignement ou les assistants d'éducation. De plus, les moyens alloués à ce dispositif sont distribués au niveau de l'académie, par les rectorats", poursuit-il. Et toutes les académies n’ont pas les mêmes moyens.
Le ministère n’était pas en mesure lundi d’indiquer combien d’établissements sont prêts. Mais Jean-Michel Blanquer reconnaît qu’il y a encore (au moins) 3.000 services civiques à recruter.
Tous les élèves bénéficieront ils du même niveau d’encadrement ?
Autre inquiétude : les élèves seront-ils tous logés à la même enseigne, selon qu’ils sont pris en charge par un service civique ou par un enseignant. "La question qui se pose est surtout celle de la qualité de l'accompagnement, et là on attend de voir", s’inquiète Hervé-Jean Le Niger, porte-parole de la FCPE (parents d'élèves) dans le Parisien. "Certains services civiques ont à peine le niveau des élèves qu'ils vont encadrer", avance également un professeur parisien cité par le quotidien.
"Il faut s'assurer que tous les intervenants auront les compétences nécessaires pour accompagner des élèves de collège. Une fois qu'on se sera assuré que les accompagnants ont le niveau de formation initiale nécessaire suffisant, les choses se mettront en place sans difficulté", tempère, pour sa part, Michel Richard, le secrétaire général adjoint du syndicat des chefs d'établissements.
Le recrutement se fait en collaboration avec le ministère, les enseignants, les chefs d’établissement et l’Agence de service civique. Le ministère l’assurait récemment : d’ici une semaine ou deux, le dispositif sera en parfait ordre de marche. Les familles seront là pour en témoigner.