Cinq adolescents ont été tués dans la collision de leur car scolaire avec un train, jeudi à Millas, dans les Pyrénées-Orientales ont indiqué les autorités parlant de "véritable scène de guerre". Les causes de l'accident restent encore floues. Une enquête en flagrance a été ouverte.
Les infos à retenir :
- Un car scolaire est entré en collision avec un TER au niveau d'un passage à niveau à Millas
- Cinq adolescents sont morts, selon le dernier bilan de la préfecture des Pyrénées-Orientales
- Un coordinateur interministériel a été nommé, a annoncé Elisabeth Borne sur Europe 1
- Des premiers témoins entendus évoquent "très majoritairement" des "barrières fermées"
CE QU'IL S'EST PASSÉ
Jeudi à 16h03, l'accident se produit au passage à niveau N°25 sur l'axe Perpignan-Villefranche de Conflent, situé à Millas. Deux cars scolaires se suivaient, quand le premier d'entre eux est entré en collision avec un TER. Vingt-quatre personnes ont été impliquées dans l'accident, dont 23 adolescents âgés de 11 à 17 ans, scolarisés au collège de Millas. D'après un dernier bilan de la Préfecture revu à la hausse vendredi après la mort d'un blessé grave, cinq adolescents ont été tués. 14 autres collégiens ont été blessés dans l'accident, et le pronostic vital de six d'entre eux restait engagé vendredi soir. Trois ont pu sortir de l'hôpital.
La conductrice du bus accidenté, âgée de 46 ans, a été aussi grièvement blessée. Aucune victime dans le TER n'est en revanche à déplorer, affirme le parquet. Un précédent bilan de six morts avait été communiqué vendredi en milieu de matinée par une source proche du dossier, avant d'être démenti. La violence du choc, "l'état dramatique" de certaines victimes et "l'absence des listes" des passagers a compliqué le travail d'identification, qui s'est terminé seulement vendredi matin.
LES RAISONS DE L'ACCIDENT RESTENT À DÉTERMINER
Défaillance technique du passage à niveau ou erreur humaine ? Au lendemain de l'accident, les circonstances de l'accident restent encore floues. Le ministère des Transports a commandité une enquête au BEA (Bureau enquête accident). Une autre enquête de flagrance pour "homicides et blessures involontaires" a été confiée à la gendarmerie des Pyrénées-Orientales. Des premiers témoins et le conducteur du TER ont déjà été entendus et d'autres le seront. Des prélèvements ont été effectués pour vérifier l'alcoolémie et la toxicologie de la conductrice du car de ramassage scolaire ainsi que du chauffeur du TER.
"Après analyse des circonstances de l'accident", le parquet de Marseille s'est saisi vendredi de l'enquête via son pôle spécialisé dans les accidents collectifs, a annoncé le procureur de Marseille Xavier Tarabeux. Deux magistrats sont déjà sur place pour conduire les investigations. Sur le site de la catastrophe qualifiée par les autorités de "scène de guerre", le TER et l'autocar éventré ont été placés sous scellé pour être examinés par 30 enquêteurs. Une enquête interne à la SNCF a également été ouverte, et devrait prendre "quelques semaines", selon les informations d'Europe 1.
Le rôle du passage à niveau, qui n'était pas considéré comme particulièrement dangereux par la SNCF, doit notamment être précisé. La conductrice du bus, qui n'a pas encore été entendue par les enquêteurs, a indiqué à son employeur que les barrières du passage à niveau étaient levées au moment où elle traversait les voies. "Elle lui a dit que les barrières du passage à niveau étaient levées et que le feu (clignotant) était éteint", a rapporté le porte-parole du transporteur Faur. Les témoignages sur le fonctionnement de ce passage à niveau, doté d'une signalisation automatique et de deux barrières, sont contradictoires à ce stade. Celui de la conductrice corrobore les déclarations de certains témoins.
Un élève du collège de Millas qui rentrait chez lui en trottinette et était arrivé sur place juste après l'accident a envoyé une image à son père pour lui expliquer la scène. "Mon gamin était en train de me dire, 'Papa, y en a partout'. Ce qui m'a surpris sur la photo qu'on a reçue, c'est que la barrière est complètement relevée, il n'y a pas de barrière cassée, on voit effectivement le bus qui est coupé en deux et les barrières qui sont relevées", explique-t-il à Europe 1. Une version que conteste fermement la SNCF. En outre, des témoignages recueillis après la collision évoquent "très majoritairement" des "barrières fermées", a indiqué le procureur de Marseille vendredi soir. Mais "les témoins n'ont pas tous été entendus", a précisé Xavier Tarrabeux qui se veut encore "prudent" à ce stade de l'enquête.
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LES DISPOSITIFS MIS EN PLACE
Une cellule médico-psychologique a été mise en place au collège de Millas dès jeudi soir pour les familles et les élèves. Une soixantaine de psychologues, médecins scolaires et d'autres personnels de l'Éducation nationale et de la Croix-Rouge composent cette cellule. "Le travail des psychologues est essentiel dans ces moments-là car les enfants ont besoin de parler, mais aussi l'ensemble des adultes (...) On veut soutenir ce travail de la parole", a déclaré Jean-Michel Blanquer, évoquant une "très belle et grande mobilisation nationale".
Vendredi, les cours n'ont pas eu lieu au collège de Millas, mais les parents et leurs enfants étaient accueillis. La mairie de Millas a également mis en place un numéro d'urgence, le 04 68 57 35 03. Tous les enfants impliquaient dans la collision vivaient dans le petit village de Saint-Féliu-d'Avall, non loin de Millas, où a également été installée une cellule psychologique.
Tout notre pays est derrière Millas & St Féliu.
— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) 15 décembre 2017
Je suis venu à l'école et au collège assurer de notre soutien aujourd'hui & dans la durée.
LES RÉACTIONS
Au cours d'une conférence de presse à Bruxelles vendredi, Emmanuel Macron a exprimé "la tristesse" et "la profonde émotion de la Nation française après le terrible accident". "Je veux dire aux familles des victimes la solidarité et les condoléances de la Nation", a-t-il dit. Il a remercié "le gouvernement qui s'est mobilisé" aussitôt après l'accident, ainsi que "l'ensemble des services de l'État" pour "soigner" et "encadrer les enfants".
Invitée d'Europe 1 vendredi, la ministre des Transports a annoncé la nomination d'un "coordinateur interministériel pour aider les familles, pour les accompagner dans la durée, parce qu'il y a l'actualité et ensuite les familles pourraient craindre de rester seules". Philippe Cèbe, ancien haut fonctionnaire qui a déjà exercé la mission de coordonnateur national de l'aide aux victimes de l'accident de Brétigny-sur-Orge, sera chargé de "faciliter la réalisation des démarches nécessaires au soutien, à la prise en charge et à l'indemnisation des victimes et de leurs familles", a précisé le ministère. Il sera sur place dès demain samedi 16 décembre.