À l'automne prochain, Nicolas Sarkozy comparaîtra devant le tribunal correctionnel pour "trafic d'influence" avec l'avocat Thierry Herzog dans l'affaire Paul Bismuth, le nom sous lequel l'ancien président avait souscrit une ligne de téléphone secrète pour dialoguer en privé avec son conseil sur le dossier Bettencourt. Selon les révélations du Point, le Parquet national financier (PNF) a, à l'époque, cherché en toute discrétion à identifier la taupe qui aurait averti les deux hommes des écoutes les visant.
Tout démarre lorsque les policiers qui écoutent les conversations clandestines entre Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog dans le cadre de leur enquête s'aperçoivent que brutalement, les deux hommes changent totalement de discours, fin février 2014. Au lieu des conversations décomplexées sur les supposées interventions de l'un de leurs amis haut-magistrat dans l'affaire dans laquelle Nicolas Sarkozy est impliqué, l'affaire Bettencourt, les deux hommes se montrent plus que prudents au téléphone.
Intervention en toute discrétion
Cela représente un rétro-pédalage tellement visible que les enquêteurs se persuadent qu'une taupe les a avertis. Là, le Parquet national financier intervient en toute discrétion et ouvre une enquête qui n'est pas du tout de sa compétence habituelle pour identifier la taupe, sans confier ces investigations aux deux juges indépendants déjà saisis dans ce dossier.
D'abord, ils enquêtent au sein du PNF lui-même pour voir si l'un des leurs aurait trahi l'institution. Ensuite, ils s'intéressent à un grand cabinet d'avocats parisien susceptible d'avoir eu l'information et d'avoir averti leur confrère, Me Thierry Herzog.
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Les "fadettes" demandées sur 15 jours
Sont notamment ciblés les cabinets Veil-Jourde, Témime, Haïk ou Dupond-Moretti, pour ne citer qu'eux. Les factures téléphoniques détaillées de ces cabinets, les "fadettes", seront demandées sur 15 jours. Éric Dupond-Moretti (qui tiendra une chronique quotidienne dans la matinale d'Europe 1 la saison prochaine) compte d'ailleurs porter plainte pour "atteinte à la vie privée et au secret professionnel".
Selon Le Point, cette enquête a été "mise en sommeil pendant deux ans et demi, de fin 2016 à mars 2019". Elle débouchera finalement sur un classement sans suite en décembre dernier, et n'a jamais été portée à la connaissance des avocats.