"C'est une réputation qui nous colle à la peau", reconnaît Christiane Lambert lorsque l'on évoque la position de la FNSEA, réputée plutôt favorable à l'agriculture intensive. Interrogée par le JDD, la présidente du premier syndicat agricole de France affirme que cela "n'est pas vrai". "Nous avons fait beaucoup d'efforts, mais qui ne sont pas reconnus", estime-t-elle, avant d'annoncer la manière dont la formation entend réduire l'usage de pesticides.
"De gros efforts ont été faits". "Aujourd'hui, 80% des verges et des maraîchages sont passés en protection intégrée, combinant la lutte biologique et des produits phytosanitaires", explique d'abord Christiane Lambert. "De gros efforts ont été faits également en viticulture. En quinze ans, l'utilisation de phytosanitaires a diminué de 20% en volume. Mais en nombre de doses utilisées, elle a progressé car les produits sont moins efficaces qu'avant...", détaille-t-elle.
"Une trajectoire de solutions". Ces efforts vont être "poursuivis", selon la dirigeante syndicale. La FNSEA entend présenter dès lundi un "contrat de solutions" au Salon de l'agriculture, afin de répondre aux attentes sociétales et réduire l'utilisation de produits phytosanitaires". Élaboré par 35 organisations agricoles avec des associations de producteurs et des instituts de recherche comme l'Inra (Institut national de la recherche agronomique), ce plan propose "une trajectoire de solutions et non d'interdictions, en se donnant du temps pour mettre en place des actions concrètes", selon Christiane Lambert, qui affirme qu'Emmanuel Macron et Nicolas Hulot lui ont fait par de leur "intérêt".
Moins 25% en 2020, 50% en 2025. Concrètement, ce contrat doit permettre une "concordance" avec le plan Ecophyto II, "qui prévoit une diminution de l'utilisation des produits phytosanitaires de 25% en 2020 et de 50% d'ici 2025". Pour cela, les organisations proposent 200 actions autour de la robotique, de l'innovation variétale et de la recherche de nouvelles molécules, entre autres. "Certaines actions seront mises en place immédiatement, d'autres d'ici 2 à 3 ans, ou davantage, pour la suppression du glyphosate, par exemple. Même l'Inra reconnaît que la suppression totale du glyphosate en trois ans, comme le souhaite Emmanuel Macron, n'est pas réalisable."
"Plus de moyens" pour "aller au-delà". Au-delà du débat sur ce pesticide controversé, utilisé notamment dans la fabrication du Roundup, Christiane Lambert et ses partenaires souhaitent "porter de 5 à 15% le taux d'utilisation des produits de biocontrôle dans les solutions utilisées en agriculture d'ici 5 ans." Et de conclure : "Avec plus de moyens, nous pourrions aller au-delà."