Paris va-t-elle être la "capitale de l'émeute", mercredi 1er mai, comme le promettent les "gilets jaunes" ? C'est la crainte des autorités, après cinq mois et demi de débordements quasi-hebdomadaires. Celles-ci attendent "1.000 à 2.000 activistes radicaux". Alors, pour éviter de voir se reproduire le scénario noir du 1er-Mai 2018, lorsque des "black blocs" avaient saccagé un McDonald's près de la gare d'Austerlitz, en marge de violents affrontements avec les forces de l'ordre sur les bords de la Seine, le gouvernement a décidé de déployer un dispositif de sécurité exceptionnelle, avec plus de 7.400 policiers et gendarmes à Paris.
Le parcours de la manifestation sécurisé
Cette année, la manifestation doit partir à 14h30 de Montparnasse, à la frontière des 14ème et 15ème arrondissements, vers la place d'Italie, dans le 13ème arrondissement, au sud de Paris. S'il ne va pas enjamber la Seine, le parcours passera à côté de deux symboles macronistes : la Rotonde, où Emmanuel Macron avait fêté sa première place au premier tour de l'élection présidentielle, et la place de la Contrescarpe, où son ancien conseiller Alexandre Benalla avait été filmé en train de molester des manifestants, le 1er mai 2018.
En prévision d'éventuels débordements, la préfecture de police a pris un arrêté de fermeture des commerces situés le long du parcours de cette manifestation, obligés de protéger leurs vitrines et terrasses. Des interdictions de stationnement ont également été prononcées.
Mais les manifestants pourraient refuser de se cantonner à ce parcours prédéfini et rejoindre d'autres lieux de la capitale, comme ils l'ont déjà fait à plusieurs reprises depuis le début de la contestation des "gilets jaunes" en novembre dernier. D'ailleurs, certains d'entre eux ont annoncé sur les réseaux sociaux leur intention de se rassembler à 11 heures, au Panthéon, dans le 5ème arrondissement.
Plus de "1.000 activistes radicaux" contre 7.400 membres des forces de l'ordre
Christophe Castaner redoute la présence de "1.000 à 2.000 activistes radicaux" lors des manifestations : ils seront "possiblement renforcés d'individus venant de l'étranger qui pourraient tenter de semer le désordre et la violence. Ils devraient être rejoints par plusieurs milliers de ce qu'il convient désormais d'appeler des ultra jaunes, ces 'gilets jaunes' qui se sont peu à peu radicalisés", a détaillé mardi après-midi le ministre de l'Intérieur. Face à eux, "plus de 7.400 policiers et gendarmes seront mobilisés" à Paris.
Par la voix de la porte-parole de l'Élysée, Emmanuel Macron avait appelé plus tôt à une réponse "extrêmement ferme" à l'encontre des blacks blocs. "Le président a indiqué que, de manière très ferme, il fallait à la fois permettre aux uns et aux autres, en cette fête très symbolique du Travail de manifester, de revendiquer (...) et qu'on soit extrêmement ferme contre tous ceux qui n'ont pour objectif que le désordre et la violence, voire des agressions en direction des forces de l'ordre", a indiqué Sibeth Ndiaye.
Les syndicats bien présents
Le 1er-Mai reste en effet avant tout la fête du Travail et l'occasion pour les syndicats de défendre les droits des travailleurs lors du traditionnel défilé. Cette année, la CGT, FO, la FSU, Solidaires, l’Unef et l’UNL ont appelé à une manifestation. La CFDT, la Fage, la CFTC et l’Unsa organiseront eux un rassemblement place de l’Europe, dans le 8ème arrondissement, "pour une Europe sociale et environnementale".
Le cortège principal, lui, va tenter de dépasser l'affluence de l'année dernière, où 20.000 personnes avaient défilé selon la préfecture de police. Des manifestants en principe moins violents, mais qui représentent un défi supplémentaire en matière de sécurité pour les autorités.
La nouvelle doctrine de maintien de l'ordre à l'épreuve
Tout concourt donc à faire de cette journée un véritable test pour le nouveau préfet de police de Paris, Didier Lallement. Depuis son arrivée, il y a cinq semaines, une nouvelle doctrine du maintien de l'ordre est en vigueur pour limiter la violence des casseurs : zones d'interdiction de manifester, contrôles préventifs, unités plus mobiles, utilisation de drones… La préfecture de police s'est véritablement donnée les moyens de faire face à l'extrême violence de certains manifestants, alors que des associations et une partie de l'opposition dénoncent samedi après samedi les violences policières.
L'an passé, le défilé avait vu environ 14.500 personnes manifester dans Paris, selon les autorités, dont 1.200 "black blocs".