Brigades dédiées dans les rectorats, confiscation du portable dans les cas graves, cours d'empathie... Le gouvernement annonce mercredi son plan interministériel pour lutter contre le harcèlement scolaire, "priorité absolue" de la rentrée pour Elisabeth Borne.
La Première ministre présentera ce plan "contre le harcèlement à l'école et dans tous les lieux de vie de l'enfant" lors d'une conférence de presse à 16H30 en présence des ministres concernés, "afin de mieux prévenir les drames tels que ceux survenus ces derniers mois et poser un constat sur les défaillances existantes", a indiqué Matignon.
Ce plan avait été annoncé dès juin par la Première ministre après le suicide de Lindsay, 13 ans, dans le Pas-de-Calais. Elle avait alors demandé aux ministres de l'Intérieur, de la Justice, de la Santé et au secrétaire d'Etat au Numérique de travailler avec le ministre de l'Éducation nationale.
Confiscation du téléphone portable, interdiction d'accès aux réseaux sociaux...
Plusieurs mesures ont déjà été mises en place ces derniers mois pour muscler la lutte contre ce fléau, dont la possibilité de changer d'établissements les élèves harceleurs dès cette année ou de pouvoir sanctionner un auteur de cyberharcèlement contre un élève d'un autre établissement.
D'autres pistes ont depuis été esquissées par Gabriel Attal, dont certaines devraient figurer dans ce plan. Lors d'une visite au Danemark la semaine dernière, il a notamment évoqué l'idée d'une confiscation systématique du téléphone portable de l'enfant auteur de cyberharcèlement grave. Il a aussi mis en avant la possibilité d'interdire l'accès aux réseaux sociaux des mineurs mis en cause entre 18 heures et 8 heures du matin.
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"Le problème reste l'applicabilité" de cette pratique
Ces deux mesures interviendraient en début de procédure, dès lors qu’un jeune accusé de harcèlement serait présenté à un juge des enfants. "Tout ce qui va dans le sens de la lutte contre le harcèlement est positif. La question est : comment va se passer la confiscation ? À l'heure actuelle, il est déjà possible qu'un juge confisque. L'idée est donc de renforcer la pratique mais le problème reste l'applicabilité car le jeune peut demander le portable de quelqu'un d'autre", juge Maître Valérie Piau, avocate en droit de l’éducation.
Si le jeune continue de harceler après confiscation du téléphone portable ou instauration du couvre-feu, cela le pénaliserait. "Ça m'est déjà arrivée de défendre un enfant victime de harcèlement. Son harceleur a été exclu, a changé d'établissement mais il a continué de le harceler sur les réseaux sociaux. Je pense qu'un des objectifs de cette piste serait la peur du gendarme pour le harceleur, s'il a ce couvre-feu mis en place, il pourrait se dire qu'il aurait des sanctions aggravées", poursuit-elle au micro d'Europe 1.
Création de "brigades" dédiées sur le sujet, cours d'empathie...
Gabriel Attal a aussi indiqué aux syndicats enseignants, qu'il a réunis lundi, travailler à la mise en place d'un questionnaire pour tous les élèves afin de repérer les "signaux faibles" dans la lutte contre le harcèlement. Il envisage également la création de "brigades" dédiées sur le sujet dans les rectorats qui pourraient intervenir rapidement, et souhaite mettre en place des "cours d'empathie" à l'école, sur le modèle danois.
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Il a aussi évoqué la mise en place d'un temps dédié pour parler du harcèlement dans tous les établissements scolaire le 9 novembre, à l'occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement.
Un élève sur dix touché par le harcèlement à l'école
Le harcèlement à l'école, qui en France toucherait un élève sur dix, est au cœur de l'actualité en cette rentrée après un nouveau drame, le suicide du jeune Nicolas, 15 ans, qui s'est donné la mort à Poissy dans les Yvelines.