Le Conseil d'État a donné deux mois au gouvernement (à partir du 1er juin) pour instaurer le contrôle technique des deux-roues, conformément à la réglementation européenne. La plus haute juridiction administrative avait été saisie en référé par plusieurs associations luttant pour la qualité de l'air et la sécurité routière.
Le calendrier et les modalités de la mise en place du contrôle technique, pour tous les deux-roues, devrait être précisé dans les prochains jours, a assuré le ministre des Transports Clément Beaune. Mais il semble difficile d'appliquer cette mesure dans un délai aussi court. Pour l'occasion, Europe 1 s'est rendue dans différents centres de contrôle technique de Paris.
"Non, c'est impossible"
Dans ce petit centre de contrôle technique, les salariés s'activent sur les voitures. Pour Abdel, le chef de centre, il semble impossible d'y contrôler bientôt les deux-roues. "On ne peut pas en faire, on n'est pas équipées et il n'y a pas les conditions réunies. Il faut de la place surtout et nous n'en avons pas", déplore-t-il au micro d'Europe 1. Même son de cloche dans un centre situé de l'autre côté de la capitale. Louis, contrôleur technique, doute fortement de ce délai de deux mois. "Non, c'est impossible. Déjà, pour le moment, il n'y a aucun réseau, personne ne sait où aller. On ne connaît pas encore les lieux de formation, comment ça va se passer, ni qui pourra le faire ou non", s'interroge-t-il.
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Pour Geoffrey Michalak, directeur technique et formation au sein du groupe SGS, la mise en route de ces contrôles techniques se fera en 2024. "Il y a la publication de l'arrêté, c'est une chose. Ensuite, il y a la mise en place de l'activité. Et cela va se faire en plusieurs mois, ça ne va pas se faire en une semaine au mois d'août. Donc on peut imaginer que l'entrée effective de ces contrôles techniques aura lieu courant 2024", affirme-t-il au micro d'Europe 1. Par ailleurs, le directeur technique du groupe SGS, spécialiste dans les domaines du contrôle et de la vérification, alerte sur la rapidité de la mise en place de cette mesure. "Dans ce cas, on n'aurait pas le temps de former nos contrôleurs. Donc très clairement, les investissements à consentir seront pris en charge par les centres de contrôle technique. Il n'y aura pas de prise en charge par l'État", déplore-t-il. Si, pour lui, cela va prendre plusieurs mois, cela s'explique par le développement des supports de formation ainsi que son déploiement. "On a également des matériels de contrôle pour vérifier spécifiquement ces véhicules qui vont devoir être, là-aussi, développés, vendus et installés", conclut Geoffrey Michalak.
Les conducteurs sont partagés
Et du côté des conducteurs de deux-roues, la mesure ne fait pas que des heureux. "C'est une arnaque un peu, c'est encore histoire de prendre des sous aux particuliers. Quand on nous empêche de circuler, on nous empêche de travailler, on nous empêche de vivre", fustige un premier parisien interrogé sur le sujet. Un autre homme temporise. "Il ne faut pas que ce soit tous les ans ni trop cher.
Mais un véhicule sur la route, il doit être en état de rouler", souligne-t-il au micro d'Europe 1. Prix, fréquence, véhicules concernés… Les modalités de ce contrôle technique restent encore inconnues. Une consultation publique devrait être lancée dans les prochains jours.