Ils attendent les convoyeurs de la voie verte, celle qui est partie dans la nuit quelques heures plus tôt de Perpignan dans les Pyrénées-Orientales. Les convoyeurs se font attendre, certains se sont perdus en route. "Il y en a qui partaient d'un côté, de l'autre", s'en amuse Aymé qui est arrivé un peu avant le reste du cortège dans son fourgon transformé en camping-car. "On les a suivi jusqu'à Carcassonne puis comme je connaissais, j'ai tracé jusqu'ici", ajoute Aymé. Europe 1 s'est rendue à Sesquières, au nord de Toulouse, où l'un des convois de la liberté a fait escale. Des gilets-jaunes, des anti-pass ou des anti-vax aident les participants, à défaut de pouvoir les accompagner jusqu'à Bruxelles.
Un point de ravitaillement bien fourni
Sur le parking de la ville, une centaine de personnes ont dressé de tréteaux et prévu l'apéro. Xavier fait partie de l'organisation de ce point de ravitaillement. "Il y a une solidarité. Les gens vont être hébergés chez les uns et chez les autres avant de repartir demain matin", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Nous avons organisé un point de collecte puisque des gens voulaient faire des dons en nature ou financier parce qu'ils ne pouvaient pas participer autrement."
Sur le terre-plein, les paquets s'amassent. De l'eau, du pain, des conserves. "J'ai amené des bouteilles d'eau, des compotes, des pains grillés pour le petit déjeuner", détaille Marie-Pierre qui est secrétaire et n'a pas pu se libérer pour participer à ce convoi. "Comme on dit : les petits ruisseaux font des grandes rivières. Je pouvais pas prendre de jours pour en faire partie. C'est beau, ça me fait envie, mais pour l'instant je ne peux pas. Il s'agit de notre liberté parce que là ça devient invivable", souffle-t-elle.
Certains ont tout prévu pour rejoindre Bruxelles.
Crédits : Benjamin Peter, Europe 1
"Il y a des gens qui donnent même de l'argent pour payer l'essence"
Quelques minutes plus tard, le gros des troupes arrive enfin. Chaque voiture franchit l'entrée du parking, accueillie par des acclamations. Dans son van gris, Jean qui est originaire du Larzac s'étonne de la solidarité que ce mouvement suscite. "On nous a donné tellement de bouffe ! Regardez ! Où voulez-vous qu'on dorme nous", s'étonne-t-il devant la montagne de victuailles qu'il a placé à la hâte sur le matelas installé dans son coffre. "On voudrait presque les refuser parce qu'il risque d'y avoir du gaspillage", se désole-t-il. "Mais il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas venir, ils veulent participer. C'est leur geste parce qu'ils sont coincés. Il y a des gens qui donnent même de l'argent pour payer l'essence."
Jean explique que c'est pour ses petits enfants qu'il s'est lancé dans cette aventure. "Je me suis dit qu'il fallait y être parce que il y a eu les bonnets rouges, les nuits debout, les gilets jaunes. Et pour moi tout ça c'est du passé, ça a fait son temps et il faut quelque chose de nouveau et je me suis dit c'est là."
Des participants ont disposé des affiches pour montrer leur soutien au mouvement.
Crédits : Benjamin Peter, Europe 1
Tout ce qu'il faut pour aller à Bruxelles
Nacera, elle aussi, arrive de Perpignan avec sa petit voiture. Elle s'est décidée il y a cinq jours et a préparé tout ce qu'il faut pour aller jusqu'à Bruxelles. "Sac de couchage, petite trousse de toilettes, des courses avec réchaud, du lait. De quoi tenir quelques jours parce qu'il n'y aura peut-être pas des points de ravitaillement comme ça tout le temps", insiste-t-elle.
"Il va peut-être falloir dormir dans la voiture mais ça ne me fait pas peur. Ça me tenait à cœur, ce sont mes tripes qui me disaient vas-y. J'appréhendais d'y aller toute seule mais c'était plus fort que moi." Et ce soir-là, Nacera n'a pas eu à dormir dans la voiture puisqu'elle a rencontré Babette, ancienne gilet jaune qui ne veut pas entendre parler du pass vaccinal. "Je lui ai proposé de l'héberger", résume-t-elle simplement. "C'est ma petite participation."