Une crise sanitaire, économique, sociale... mais aussi psychologique. Au lendemain des annonces gouvernementales sur la phase 2 du déconfinement, le directeur de l'Institut de l'adaptation humaine, Christian Clot, partage dans "Sans Rendez-vous" ce vendredi les premiers résultats d'une étude menée par son équipe sur les conséquences psychologiques provoquées par la crise du coronavirus. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le Covid-19, le confinement et même le déconfinement ont laissé des traces dans les esprits des quelque 10.000 personnes qui ont répondu à la première phase de cette enquête.
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Des dégâts psychologiques
"On a 18% de notre population qui est clairement polytraumatisée par les événements et il va falloir les prendre en charge, sinon ils vont rester dans une difficulté mentale profonde" indique le spécialiste, par ailleurs explorateur, au micro d'Europe 1. Anxiété, stress, troubles du sommeil... 30% des Français se sont plaint pendant le confinement d'avoir des difficultés dans les bras de Morphée. Et le déconfinement n'arrange pas les choses, puisque depuis le 11 mai, les répondants sont 20% de plus à signaler des troubles du sommeil. Par ailleurs, la moitié des sondés se déclarent "fatigués mentalement et moralement". Plus étonnant, 14% "ont arrêté de rire".
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Une crise de "la communication" et de la compréhension
Tandis que le reflux épidémique se poursuit sur le territoire, l'étude de l'Institut de l'adaptation humaine s'est également penché sur la peur engendrée par la pandémie. Si, pendant les premiers jours du confinement, "le virus en lui-même" était au cœur des craintes, ce sentiment s'est rapidement déplacé vers du long terme avec la peur "d'une crise économique, sociale, et même finalement la casse potentielle de nos systèmes démocratiques".
Une situation qui a rapidement généré "une confusion par rapport à la masse d'informations reçues" sur le coronavirus. Ainsi, "petit-à-petit, la crise n'est plus sanitaire mais est devenue une crise de communication et de capacité à comprendre ce qu'il se passe", affirme Christian Clot.
Vers un futur différent ?
Mais le coronavirus a également modifié notre perception de l'avenir. "95% des gens interrogés déclarent vouloir un futur différent qui prenne en compte les problématiques climatiques et sociales" rapporte ainsi l'explorateur, qui précise toutefois que seulement "20% des personnes ont commencé à se demander comment elles peuvent agir pour faire changer les choses".
Une faible proportion qui a une explication : "On vient de sortir du confinement, il faut aussi laisser le temps aux gens de se reposer, de retrouver une certaine stabilité émotionnelle avant d'agir." C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles l'étude doit encore continuer pendant un an.