Une équation à plusieurs millions d'inconnues : comment les écoles, les collèges et les lycées vont-ils faire pour assurer le retour progressif des quelque 12 millions d'élèves dans les établissements, à partir du lundi 11 mai ? Rien n'est encore décidé, mais pour lutter contre le coronavirus, les conditions de sécurité seront bien plus strictes qu'avant le confinement. Pour en parler, le professeur Robert Cohen, pédiatre et infectiologue, et Iannis Roder, professeur d'histoire dans un collège à Saint-Denis, étaient les invités de François Clauss, samedi, dans C'est arrivé cette semaine sur Europe 1.
Dans cette période d'incertitudes sur la sortie de crise, une chose est sûre : "On ne peut pas rentrer le 11 mai comme nous sommes sortis, c'est-à-dire dans des classes entières et tous les contingents dans la cour pour la récréation", constate Iannis Roder, également auteur du livre Allons-enfants de la République (éditions Odile Jacob). "C'est absolument impossible."
La cour de récréation chamboulée ?
"On ne peut pas rentrer comme on est sortis, ça me paraît absolument évident", abonde Robert Cohen, selon qui il faut voir cette première rentrée "comme une mise en route" du système scolaire pour la suite. "En septembre, ce sera exactement pareil, sauf qu'on aura probablement l'expérience de ces premiers mois parce qu'il faut organiser" l'aménagement de tout un pan de la société française, qui concerne tous les moins de 16 ans, leurs professeurs et les personnels travaillant dans les établissements.
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Mais concrètement, qu'est-ce qui changera dans la vie quotidienne des enfants et de leurs parents ? Au micro d'Europe 1, le pédiatre prévoit "des classes moins nombreuses, des classes alternées, les cours de récréation pas organisées de la même manière, un niveau d'hygiène rehaussé, une façon dont les parents viennent chercher les enfants à l'école réorganisée".
"Vraie période de test"
Plus qu'un effort de court terme, la lutte contre le coronavirus "va être une pédagogie sur le temps", estime Robert Cohen : "Il est important de commencer maintenant à réfléchir aux bonnes mesures de distanciation possible à l'école, en ayant en tête que les enfants portent moins souvent le virus et sont globalement moins malades. Il va falloir faire cet énorme effort qui passe par le lavage des mains, par un certain degré de distanciation, par l'idée qu'il n'y ait pas de gens agglutinés à la sortie de l'école."
Enseignant en Seine-Saint-Denis, Iannis Roder anticipe lui aussi "un défi colossal" pour l'ensemble du système scolaire : "Ça va demander des réaménagements d'emplois du temps, des réaménagements peut-être de salles, des horaires de récréation… La restauration scolaire, par exemple : les élèves devront être distants les uns des autres à la cantine, si cantine il peut y avoir. Nous allons vivre différemment", assure-t-il, "et cette période du 11 mai au 4 juillet sera une vraie période de test pour l'avenir".