Alors que le thème de la démocratie participative revient régulièrement dans le débat politique depuis plusieurs années, la crise du coronavirus a relancé chez beaucoup de Français l'envie de s'impliquer et de devenir force de proposition. Depuis le début du confinement, de nombreuses initiatives de consultations citoyennes ont ainsi vu le jour pour permettre aux citoyens d'apporter leur contribution dans la construction du "monde d'après".
"Le jour d'après" : les propositions citoyennes seront portées au Parlement
Lancée 15 jours après le début du confinement, la consultation citoyenne "Le jour d’après" a connu un franc succès et a la particularité d'avoir déjà l'assurance de voir ses conclusions portées par des élus. En effet, les 8.700 propositions reçues en un mois ont été synthétisées. Une sélection de 30 mesures tirées de ces discussions a ainsi été présentée mercredi par une soixantaine de parlementaires à la fibre écologique et sociale, dont certains membres de la majorité LREM.
"Les parlementaires s'engagent à porter collectivement ces mesures dans les débats parlementaires, au-delà de nos divergences politiques", explique au micro d'Europe 1 le député Matthieu Orphelin, porte-parole de la consultation, assurant que ces propositions auront vocation à être portées notamment "sous forme de lois".
La santé et le télétravail au cœur des préoccupations
Parmi les propositions présentées par les députés, plusieurs concernent les questions de santé, remises au centre du débat public avec l'épidémie de coronavirus. "Il faut faire de l'hôpital une priorité nationale", assure Matthieu Orphelin. Les parlementaires proposent notamment une revalorisation des rémunérations des soignants de "200 euros par mois", ainsi que l'ouverture de "200.000 postes supplémentaires en trois ans" dans les Ehpad et les services d'aide à domicile.
D'autres grandes thématiques sont ressorties de la consultation, comme celle du télétravail. "Comment développer le télétravail partiel mais sans ajouter des inégalités sociales ?", interroge Matthieu Orphelin. Enfin, les élus souhaiteraient "aller vers un revenu universel, en commençant par élargir le RSA aux 18-25 ans".
Plus d'un million de contributions sur Make.org
Lancée sur la plateforme Make.org, en compagnie notamment de La Croix-Rouge française et de WWF France, la consultation "Comment inventer tous ensemble le monde de demain" a rencontré elle aussi un énorme succès. "On a dépassé les 120.000 participants et on a plus d'un 1,3 millions de contributions", témoigne sur Europe 1 Axel Dauchez fondateur et président de Make.org, évoquant "un succès inédit". "On est à 10 fois plus de contributions par participant que dans d'autres types de consultation."
Selon Axel Dauchez, ce succès s'explique par la volonté des citoyens de "reprendre la main sur leur destinée". À l'approche du déconfinement, "les gens se sont dit : 'si ce n'est pas maintenant qu'on définit les bases du monde d'après, on risque de passer à coté'", analyse-t-il.
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Circuits courts, végétalisation des villes, de nombreux thèmes abordés
Quelques semaines après le lancement de l'initiative, plusieurs thèmes prioritaires émergent des discussions. Parmi eux, la question environnementale. "Les participants ont des idées très concrètes sur la végétalisation des villes, avec une envie gigantesque de faire plus rentrer la nature dans les villes", explique Axel Dauchez, tandis que, concernant les questions d'alimentation et d'agriculture, "le thème des circuits courts se renforce de façon colossale", avec l'envie "d'une économie plus locale".
L'avenir des modes de transport est aussi abordé, la place de la voiture étant notamment "posée dans toutes ses dimensions", ou encore avec des débats autour de l'avion et de son impact écologique. Par ailleurs, Axel Dauchez a également constaté "un rapport au travail complètement bouleversé".
Pour l'instant, la consultation n'en est qu'au stade de la collecte des contributions, et le temps de la synthèse ne viendra qu'après. "Le sujet difficile, c'est de trouver les thèmes sur lesquels les gens sont prêts à aller dans la même direction", conclut Axel Dauchez.