Face à l'épidémie de coronavirus qui sévit actuellement, la communauté scientifique s'active dans le but de trouver un remède à la maladie. Cette "course à l'antidote" fait naître nombre de fantasmes. Ainsi, les appels à recourir à la chloroquine, défendue par le professeur Didier Raoult, se multiplient, bien que la méthode utilisée par le médecin soit critiquée par ses confrères. Gérald Bronner, sociologue spécialiste des croyances collectives et membre de l’Académie de médecine, rejette l'idée d'une "controverse" scientifique : pour lui, à l'heure actuelle, la chloroquine n'est pas admise comme remède.
"Ne pas exagérer la notion de controverse"
Invité d'Europe 1 samedi, Gérard Bronner décrit la mécanique actuellement à l’œuvre et entourant la recherche d'un remède, un "grand classique de la théorie du complot". L'objet de la polémique est la chloroquine. Si le professeur Didier Raoult clame son efficacité, la communauté scientifique met en doute la méthodologie de son étude.
Dès lors, les messages pullulent sur les réseaux sociaux faisant état d'une "controverse" et de voix dissonantes chez les experts. "Il ne faut pas exagérer la notion de controverse dans le monde de la science", tempère le sociologue. Selon lui, Didier Raoult ferait plutôt partie des "dissidents" face au large consensus des experts : "quelque fois ils ont raison mais le plus souvent ils ont tort".
Des propos instrumentalisés ?
Gérard Bronner rappelle que le médecin marseillais est une figure reconnue au sein de la communauté scientifique et que ses propos ont pu être instrumentalisés pour dénoncer une supposée "pression des laboratoires pharmaceutiques". S'il dit "espérer" que le professeur ait raison, il rappelle "la nécessité de tester une allégation qui a été faite trop rapidement sur la base de données qui ne sont pas bien assises sur des considérations statistiques."
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Face au scepticisme, Gérard Bronner recommande de ne se fier qu'aux sources d'informations reconnues, comme les publications de l'Académie de médecine. La bataille de la désinformation est pourtant loin d'être gagnée : selon une étude commune de la Fondation Jean-Jaurès et du site Conspiracy Watch, 26% des Français sont persuadés que le virus a été créé artificiellement en laboratoire.