"Sauver la montagne". Alors que le gouvernement doit trancher mercredi la question de la réouverture des remontées mécaniques dans les stations de ski, fermées en raison de la situation épidémique du Covid-19, les acteurs du secteur de la montagne se mobilisent à l'approche des vacances scolaires de février, prévues du 6 février au 1er mars selon les zones. "La montagne française est la grande sacrifiée aujourd'hui, au niveau économique", déplore Jean-Luc Boch, maire de La Plagne-Tarentaise, président de l’ANMSM (association nationale des maires des stations de montagne), sur Europe 1.
"Une catastrophe" dans un écosystème fragile
En France, les 250 stations de ski sur le territoire représentent 120.000 emplois direct et plus de 10 milliards euros de chiffre d'affaires. "Le sanitaire est prioritaire, on est tous d'accord, mais il va falloir prendre la mesure de ce que l'on doit faire dans le temps pour vivre avec le Covid-19", souligne l'édile.
Selon des premières rumeurs, le gouvernement pourrait pencher vers un nouveau report de l'ouverture des stations de ski, après le mois de février. Une décision que ne confirme pas Jean-Luc Bloch mais qui, si elle était exacte, serait selon lui "une catastrophe sans précédent", notamment au niveau social. Cette période de vacances correspond environ à 30 à 40% du chiffre d'affaires des stations de sport d'hiver, déjà amputé en 2020 de l'activité du mois de décembre.
"Tout un écosystème risque d'être mis à mal", assure Jean-Luc Bloch. Un système qui a mis soixante ans, depuis le dernier Plan Neige, à être fonctionnel et à séduire les touristes, poursuit l'édile. "Il va falloir nous aider à la hauteur des pertes enregistrées, pour qu'il n'y ait pas de dépôt de bilan sans précédent au niveau de la montagne française", lance-t-il. Un plan d'aide de 400 millions d'euros avait été annoncé par le gouvernement en décembre, mais les sommes sont encore insuffisantes pour éviter les fermetures d'entreprises du secteur de la montagne, selon le maire.
"On a peur que certaines stations ne puissent jamais rouvrir", ajoute Jean-Luc Boch, pointant l'exemple de municipalités qui avaient déjà des difficultés à se maintenir à flot en raison de manque de neige, de clientèle ou en raison d'investissements financiers lourds à réaliser pour le bon fonctionnement des remontées mécaniques. Des collectivités qui risquent de se retrouver sous tutelle, selon lui.
Des acteurs qui assurent être préparés face aux risques sanitaires
Les maires des stations de montagne sont "consternés" et dans l'incompréhension, explique Jean-Luc Boch. "La montagne est le seul territoire qui a mis en œuvre un protocole sanitaire validé par les ARS et par la cellule de crise parisienne", assure le maire. "On a aussi des centres de tests. On a tout préparé".
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Il rappelle également que "95% de l'accidentologie en montagne est traitée par des cabinets médicaux d'altitude", répondant ainsi à un des arguments souvent avancés pour justifier le maintien de la fermeture des remontées mécaniques : celui d'un risque accru de saturation des hôpitaux, déjà sous pression en raison de l'épidémie de Covid-19.