Dans les départements franciliens, notamment en Seine-Saint-Denis, les disparités pré-existantes ont servi de terreau à l’expansion de l'épidémie de coronavirus, engendrant une surmortalité exponentielle. C'est ce que révèle une étude publiée lundi par l'Observatoire régional de santé d'Ile-de-France.
"Au cours du mois de mars 2020 et durant les premiers jours d’avril, la Seine-Saint-Denis a connu la plus forte évolution de mortalité d’Ile-de-France en nombre de décès", par rapport à la même période l'année précédente, soit "+ 118,4% entre le 1er mars et le 10 avril", souligne cette étude qui s'appuie sur des données de l'Insee. La partie nord de ce département d'1,6 million d'habitants, le plus pauvre de métropole, est particulièrement touchée, pointe-t-elle.
"Populations vulnérables"
Mais la surmortalité est également marquée dans les autres départements denses de la métropole du Grand Paris : +101,5% dans les Hauts-de-Seine, +94,1% dans le Val-de-Marne et +92,6% à Paris. La hausse est moins forte en grande couronne, hormis le Val-d'Oise qui se démarque avec une surmortalité d'environ 90,1%, selon les résultats de l'étude.
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"Les populations les plus vulnérables socialement sont celles qui habitent dans les grands ensembles collectifs, avec des parties communes fréquentées, plus d'enfants de bas-âge (…) et des surfaces par mètre carré qui sont moins importantes" qu'ailleurs, explique à l'AFP Isabelle Grémy, directrice de l'Observatoire régional de santé (ORS).
L'impossibilité du télétravail
L'étude montre notamment que "plus de 570.000 personnes vivent dans un ménage comptant moins d’une pièce par personne en Seine-Saint-Denis", ce qui rend les gestes barrière plus difficiles à respecter.
L'épidémie s'est également répandue avec les nombreux "travailleurs-clés", jusqu'à 12% des actifs dans le 93, selon cette étude. Sans possibilité de télétravailler, ils ont dû continuer leur activité malgré les risques de contamination, en particulier dans les transports en commun. Enfin, la santé des habitants des quartiers populaires franciliens, plus souvent sujets à l'obésité et au diabète, souligne le handicap avec lequel certains affrontent la crise sanitaire.