"Les gestes barrières ont été mis en place sur le porte-avions comme partout en France, néanmoins il ne s'agit pas d'un navire hôpital, ni d'un bâtiment de croisière : c’est un bâtiment de combat, de guerre", a déclaré Éric Lavault. Porte-parole de la Marine Nationale, celui-ci était l'invité d'Europe 1, jeudi soir, à la suite de la contamination par le coronavirus de plus d'un tiers des marins de l’équipage du porte-avions Charles-de-Gaulle. "Le commandant a pris toutes les dispositions pour préserver la santé de son équipage", a-t-il assuré.
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Quelques centaines de marins sont sortis en permission à Brest
Selon Éric Lavault, il faut, avant toute chose, "replacer le contexte de l’escale dans l’époque". Celui-ci explique en effet que lors de l'escale du porte-avions Charles-de-Gaulle, du 13 au 16 mars, les mesures de confinement n'étaient pas encore en place. Celles-ci ont été annoncées le 16 mars au soir, pour une mise en place le 17 mars, à midi.
"Cette escale s'inscrivait dans le cadre de la journée des familles de l'équipage du porte-avions", développe le porte-parole, évoquant un événement emblématique dans la Marine nationale. "À la lumière des éléments, le commandant a pris la décision de supprimer cette journée des famille, qui aurait dû permettre l'embarquement de plusieurs centaines de famille de marins à bord du porte-avions pour une journée", explique Éric Lavault. En revanche, le commandant "a maintenu la mise à terre en permission des marins du porte-avions".
Quelques centaines de marins ont alors pu sortir en permission à Brest (Finistère), bien que que le commandant maritime de Brest ait "interdit certaines zones qui représentaient déjà des clusters en Bretagne, notamment dans le Morbihan".
Des marins "soumis au droit commun"
Pour autant, le porte-parole de la Marine nationale l'affirme, les marins du Charles-de-Gaulle "ne sont pas en faute". "Ils étaient soumis au droit commun des Français", poursuit-il, rappelant qu'à ce stade, les restaurants n'étaient pas encore fermés, les gestes barrières étaient déjà mis en place et les rassemblements de plus de cent personnes étaient interdits.
"Les gestes barrières ont été mis en place sur le porte-avions comme partout en France", assure-t-il. "Néanmoins, le porte-avions n'est pas un navire hôpital, ni un bâtiment de croisière", rappelle Éric Lavault. "C'est un bâtiment de combat, un bâtiment de guerre, et l'application des gestes barrières sur un tel navire n'est pas évidente", défend-il avant d'affirmer qu'en dépit de ces difficultés, "le commandant a pris toutes les dispositions pour préserver la santé de son équipage".
Mise en place d'un isolement préventif
Le porte-parole explique que les marins, comme la majorité des Français à la mi-mars, n'ont pas été testés immédiatement. À l'époque, le porte-avions opérait en mer du Nord. "Sur le pont d'envol, la température était de -5°C et de nombreux mains ont eu des symptômes de maladies saisonnières".
Le corps médical à bord, composé de 23 soignants, "a décidé de faire appliquer, par précaution, l'isolement de tous les marins présentant des cas susceptibles d'être assimilables au Covid-19", explique Éric Lavault. "Ce n'est qu'à partir du 5 avril, lorsque le nombre de marins présentant des symptômes caractéristiques du coronavirus a augmenté brutalement, que le commandant a pris la décision d'en avertir les autorités, et que la ministre des Armées a ordonné le retour du porte-avions à quai".
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Double enquête
L'armée a-t-elle sous-estimé la situation sanitaire sur le Charles-de-Gaulle ? C'est ce que laisse entendre un des marins du navire amiral de la Marine, lui même testé positif au Covid-19. Depuis, plusieurs assignations circulent, notamment sur les réseaux sociaux. Une commission d'enquête, mise en place par le chef d'État major de la Marine, a pour but de mettre toute la lumière sur ces questions.
Deux enquêtes distinctes sont en cours, rappelle Éric Lavault. "Une enquête épidémiologique relative à l'aspect technique de l'étude du virus, et l'enquête de commandement", énumère-t-il. Cette dernière consistera "à établir une chronologie précise des événements et l'enchaînement des faits afin d'en tirer toutes les conséquences qui ont conduit à la situation actuelle".