C’est un chiffre alarmant. Selon les associations caritatives, la crise sanitaire liée au coronavirus a fait basculer un million de Français dans la pauvreté. Au total, plus de dix millions de personnes vivent en-dessous du seuil de pauvreté dans le pays, précise un article du Monde. Le président de l'Union des associations de la solidarité Patrick Doutreligne a analysé mercredi matin sur Europe 1 les raisons de cette tendance, qui suscite une vive inquiétude.
Des étudiants, des intérimaires et même des artisans
Avec la crise, la pauvreté touche désormais des catégories jusqu’ici épargnées. "Ce sont des intérimaires, des gens avec des petits boulots, des artisans, des intermittents du spectacle, des étudiants qui avec un petit boulot payaient leurs études. Ce sont des gens qui ne venaient pas dans des lieux de solidarité parce qu'ils pensaient que c'était pour des gens plus en difficulté qu'eux-mêmes", a constaté Patrick Doutreligne, qui s'alarme de la situation des emplois précaires.
"Cela faisait des années que nous signalions aux pouvoirs publics la situation des précaires. Ill y a effectivement 6 à 8 millions de pauvres, mais il y a 2 à 3 millions de personnes qui sont précaires, qui sont juste à la limite et pour lesquelles 10 euros c'est beaucoup. On l'avait signalé quand le gouvernement avait baissé l'APL de 5 euros. Une grande partie de ces précaires sont en train de basculer dans la pauvreté", a-t-il déploré. Autre chiffre révélateur : la Fédération française des banques alimentaires a augmenté sa distribution d'aide alimentaire de 25%.
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Des catégories de la population exclues du chômage partiel
Si le président de l'Union des associations de la solidarité salue les "bonnes mesures" prises par l’État sur le chômage partiel, il demande au gouvernement de faire un effort supplémentaire pour aider les plus pauvres, qui sont exclus de ce dispositif. "C’est insuffisant parce que d'abord il y en a beaucoup qui n'ont pas eu recours au chômage partiel. On n'a simplement pas renouvelé leurs contrats, pas pris en stage, pas débloqué leur travail et donc ils n'ont pas les indemnités compensatrices et se retrouvent avec des ressources extrêmement diminuées. Cette protection du salarié ne s'étend pas à la protection des plus faibles", a pointé du doigt Patrick Doutreligne, qui demande une revalorisation du RSA.
"On se bagarre pour que le RSA soit augmenté. Il est bloqué depuis des années et on nous dit non, on mise tout sur le travail. Sauf que maintenant, miser sur le travail est un peu difficile parce qu’il n'y en a pas", a-t-il ajouté, alors que les demandes de RSA ont bondi de 10% en France. "Quand le RMI a été créé, l'ancêtre du RSA, c'était 50% du SMIC, maintenant on est à peine à 40%. Les gens ne peuvent pas survivre donc on peut faire tous les plans et toutes les stratégies, il y aura des années pendant lesquelles les gens ne pourront pas accéder au travail. Il faut les prendre aussi en compte et augmenter le RSA."