C'était le 8 février, autant dire un siècle : en plein coeur de l'hiver, le village haut-savoyard des Contamines-Montjoie apprenait qu'un chalet de cette station de sports d'hiver abritait plusieurs personnes positives au coronavirus découvert en Chine. Près de deux mois et demi plus tard, le maire et le pharmacien de cette commune étaient les invités de Wendy Bouchard, samedi, pour raconter comme la station a géré une crise devenue nationale et mondiale.
Début février, donc, ce village de 1.000 habitants fait subitement la Une : un Britannique de retour de Singapour a contaminé onze de ses compatriotes dans un des logements des Contamines-Montjoie. "À cette époque-là, on a été alertés très rapidement par les services de la préfecture et l'Agence régionale de santé", raconte sur Europe 1 Étienne Jacquet, le maire. "Comme c'est un cluster, on avait des personnes toutes identifiées."
Une mission : retrouver les cas-contacts
"Le gros travail", poursuit Étienne Jacquet, "est d'arriver à remonter les cas-contacts, ce qui est différent d'une épidémie où c'est généralisé et où il est impossible de répertorier les personnes qui ont été mises en contact. (…) Aux Contamines, on avait onze personnes dans un chalet. Sur ces onze personnes, cinq étaient contaminées. Et en définitive, un enfant et un adulte ont été mis en contact avec la population. Là, on s'aperçoit qu'on a plus d'une centaine de cas contacts."
L'ESSENTIEL CORONAVIRUS
> La France peut-elle espérer un scénario plus favorable que l'Italie ?
> Les femmes et les personnes de groupe sanguin O sont-elles plus résistantes ?
> Certaines formes graves sont-elles liées à un facteur génétique ?
> Comment va se dérouler la distribution de masques en France ?
"Vous imaginez à l'échelle d'une population comme Mulhouse, avec les évangélistes ?" Le rassemblement évangélique de Mulhouse, entre le 17 et le 24 février, aurait massivement contribué à la propagation de l'épidémie sur le sol français. "Quand vous avez 1.000 personnes, c'est tellement exponentiel qu'il est quasiment impossible d'avoir une gestion de crise comme l'a eue aux Contamines-Montjoie."
"Pas de vent de panique"
Au lieu de céder à la panique sous les yeux de la France entière, les habitants des Contamines-Montjoie sont restés calmes. "La grosse force qu'on a eue, c'est de rester zen et de ne pas affoler la population", rembobine Éric Paris, pharmacien du village. "La mairie a fait le maximum pour extraire immédiatement cette verrue qu'on avait.
Fermeture des écoles mais pas des espaces publics, confinement ciblé sur les cas-contacts, relations étroites avec les habitants… Les Contamines-Montjoie ont fait face au coronavirus avec méthode : "On a eu une population remarquable de sang-froid", salue le maire. "Il n'y a pas eu ce vent de panique que tout le monde nous promettait. On a essayé de maintenir une vie de village."
Depuis le 17 mars, le village est confiné, comme le reste de la France. Mais même si la station a dû fermer un mois plus tôt que d'habitude, la crise n'est plus locale. "Le soufflé est retombé quand il y a eu une croissance exponentielle au niveau national", retrace le pharmacien, visiblement soulagé : "C'est vraiment l'endroit où le confinement est bien respecté dans l'ensemble, et où on se sent en sécurité."